Près de 7 millions d'enfants supplémentaires dans le monde pourraient souffrir des effets de la malnutrition à cause de la crise économique et sociale causée par la pandémie de Covid-19, selon une estimation des Nations unies publiée hier. Avant la pandémie de Covid-19, 47 millions d'enfants à travers le monde souffraient déjà en 2019 des conséquences de la malnutrition, perte de poids et maigreur extrême, souligne l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance. Avec la pandémie, ce nombre pourrait culminer à près de 54 millions sur les 12 premiers mois de la crise, ce qui pourrait se traduire par 10 000 morts supplémentaires d'enfants par mois, essentiellement dans les pays d'Afrique subsaharienne et en Asie, selon un communiqué de l'Unicef. "Cela fait sept mois que les premiers cas de la Covid-19 ont été rapportés, et il est de plus en plus clair que les conséquences de la pandémie font plus de mal aux enfants que la maladie elle-même", commente la directrice exécutive de l'Unicef, Henrietta Fore. L'Unicef s'appuie sur une analyse publiée par la revue médicale The Lancet, dans laquelle les chercheurs s'alarment des conséquences de la malnutrition liée à la pandémie de Covid-19 sur les enfants. "L'impact profond de la pandémie de Covid-19 sur la nutrition des plus jeunes enfants pourrait avoir des conséquences intergénérationnelles", estiment-ils, en craignant que cela nuise "à la croissance et au développement de ces enfants". Ces chercheurs ont fait des estimations portant sur 118 pays à faibles ou moyens revenus. Selon eux, la crise alimentaire due à la Covid-19 pourrait augmenter de 14,3% la prévalence d'un amaigrissement modéré ou sévère chez les moins de 5 ans. Dans une lettre ouverte également publiée par The Lancet, l'Unicef et trois autres agences des Nations unies – l'OMS (Organisation mondiale de la santé), la FAO (alimentation et agriculture) et le PAM (Programme alimentaire mondial) – appellent à "agir maintenant". Elles estiment à 2,4 milliards de dollars les besoins nécessaires pour protéger les enfants les plus à risques. "Nous devons mettre en place ensemble des actions de fonds et des investissements pour la nutrition, afin de faire échec à la crise de la Covid-19 et à ses répercussions sur la faim et la malnutrition des enfants", plaident ces organismes.