Sur l'ensemble du territoire national, 40 wilayas ont enregistré des incendies. C'est un spectacle désolant qu'offrent les massifs forestiers du pays. Réduits en cendres, le couvert végétal est ravagé par des flammes qui prennent une ampleur alarmante. Le désastre écologique est considérable. Alors que la saison d'été n'en est qu'à sa moitié, les feux continuent de brûler nos forêts. La Direction générale des forêts dresse un constat des plus inquiétants. Pas moins de 814 incendies enregistrés durant la période allant du 1er juin au 25 juillet ont occasionné 4 277 hectares (ha) de pertes de superficies parcourues à travers le pays. De la totalité des dégâts, 1 498 ha sont des forêts, 1 230 ha des maquis, 1 548 ha de broussailles. En moyenne, la Direction générale des forêts (DGF) déplore pour cette période de canicule, 15 départs de feux/jour. Et chaque départ de feu a consumé 5,25 ha. Lundi dernier vers 17h, 66 incendies ont été signalés dans 22 wilayas. La DGF a, d'ores et déjà, mis en branle son dispositif de lutte contre les feux de forêt, afin de protéger tout le patrimoine forestier de l'Algérie estimé à 4,1 millions d'hectares. Ce qui représente près de 2% de l'ensemble des 238 millions d'hectares du pays. Tout ce potentiel est malheureusement guetté par un certain nombre de problèmes, notamment les grandes atteintes, telles que le défrichement et le squat. Durant les trois derniers mois de confinement, la DGF a constaté quelque 1 000 infractions dont des tentatives de construction, de défrichement, de déplacement de bornes, de passages illicites. "Car, pendant que les forestiers étaient mobilisés dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, des personnes malintentionnées ont effectué tous ces actes", indique Ali Mahmoudi, directeur général des forêts. Mais l'agression la plus abjecte dont est victime ce potentiel forestier reste les feux de forêt. Sur l'ensemble du territoire national, 40 wilayas sont ciblées par ces incendies. L'imprudence est, selon le DGF, à l'origine de ces foyers d'incendie. Les gens attendent cette période de l'année, explique-t-il, pour nettoyer autour de leurs maisons de campagne. Et la solution de facilité pour se débrasser des rémanents et des herbes sèches, c'est de mettre le feu, mais qu'ils n'arrivent plus à maîtriser par la suite. Le même phénomène est observé chez les personnes qui allument le feu pour réchauffer ou préparer leur nourriture dans les forêts. L'année en cours semble suivre la même courbe ascendante en termes de nombre d'incendies. La moyenne des 20 dernières années est évaluée à 31 000 ha/an. L'année dernière, la DGF a noté 23 000 ha de pertes. La meilleure année depuis l'indépendance est celle de 2018 où il a été enregistré 2 300 ha. Cela dit, le dispositif de lutte de la DGF est mis en place tous les ans à l'approche de la saison estivale. 40 comités opérationnels ont été installés au sein de ces wilayas en plus des 40 commissions de protection des forêts présidées par les walis. Au niveau central, il existe une commission nationale de protection des forêts composée de 13 départements ministériels, présidée par le ministre de l'Agriculture. Cette organisation se décline également au niveau des daïras et des communes auxquelles on ajoute 2 058 comités de riverains formés par des comités de village, des associations de protection de l'environnement et celles des chasseurs. "En théorie, le dispositif est parfait", affirme le DGF. En ce qui concerne les interventions et autres opérations, la DGF dispose de 407 postes de vigie dans les massifs forestiers et les points culminants pour contrôler les départs de feu et signaler la moindre fumée et de 478 brigades mobiles (véhicules équipés) de matériel de première intervention) qui sillonnent ces régions montagneuses. L'administration a mobilisé aussi 32 camions-citernes qui ravitaillent les véhicules de première intervention en cas de départ de feu. Les pouvoirs publics ont permis à la DGF de se doter de 80 autres véhicules de première intervention. "Ce qui porte le nombre à 160 véhicules par le biais desquels, il a été mis en place 20 colonnes mobiles (8 véhicules et camions-citernes) à raison d'une colonne pour deux wilayas", précise M. Mahmoudi qui évoque un déficit de 20 colonnes. On a recensé et préparé 2 820 points d'eau, dont des barrages et des retenues. Même les équipes du groupe Génie rural, chargé de la récolte du liège à cette période de l'année dans 22 wilayas, interviennent sur place en cas de départ d'incendie. La DGF n'a pas de canadairs, mais utilise des hélicoptères bombardiers, qui demeurent efficaces, souligne le DGF. "Il faut que la source d'eau soit proche pour alimenter ces appareils, afin qu'ils puissent intervenir à temps. C'est le cas en ce moment (hier, ndlr) d'un hélicoptère qui intervient dans un feu de forêt à Tagma, près de Yakourène (Tizi Ouzou), alimenté à partir du barrage de Taksebt", avoue Ali Mahmoudi. B. K.