Ambiance très solennelle et de grand recueillement au crématorium du cimetière parisien du Père-Lachaise, où se sont déroulées, jeudi, les funérailles de Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet dernier à l'âge de 93 ans. Parmi les centaines de personnes, qui ont assisté aux obsèques, figurent de nombreux Algériens venus rendre hommage à l'avocate et lui exprimer leur gratitude pour son soutien à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Le drapeau algérien et l'emblème amazigh, ainsi qu'une grande banderole avec l'inscription "Merci Gisèle Halimi" ont été déployés à l'entrée du crématorium. Un moment particulièrement émouvant a marqué la cérémonie lorsque la petite fille de Djamila Boupacha s'est présentée à la tribune pour lire une lettre de sa grand-mère. Dans ce message, la moudjahida relate les circonstances malheureuses de sa rencontre avec Gisèle Halimi et le combat que l'avocate a mené pour sa libération. "Tu n'a pas seulement été mon avocate, mais une grande sœur", a écrit Djamila Boupacha. L'ambassadeur d'Algérie à Paris, Salah Lebdioui, a également prononcé un discours dans lequel il a dressé le portrait d'une grande militante anticolonialiste qui a pris fait et cause pour la libération de l'Algérie. De son côté, le philosophe Regis Debray a tenu à souligner que le combat de l'avocate en faveur de l'émancipation des peuples et celui des femmes ne faisaient qu'un. "Elle mérite de rester parmi nous comme un défi à toutes les convenances, les défis et les paresses", a-t-il dit. Pour honorer Gisèle Halimi, la Tunisie envisage, pour sa part, de donner son nom à une rue de Tunis ou de La Goulette, sa ville natale. Dans un message transmis à la famille, le président tunisien Kaïs Saïed a évoqué "le lien ombilical" de l'avocate avec son pays natal. En France, des voix s'élèvent pour demander que les cendres de Gisèle Halimi soient transférées au Panthéon, célèbre monument où sont inhumés les grands personnages qui ont marqué l'Histoire de France. "Ce serait une très bonne idée. Elle y a tout à fait sa place pour toutes les luttes qu'elle a menées", a commenté Me Martine Portnoé, avec laquelle l'avocate a milité pour les droits des femmes pendant les années 70. Selon un de ses fils, un hommage national pourrait être rendu à Gisèle Halimi, à la rentrée. Certains espèrent qu'elle bénéficiera des mêmes égards que l'ancienne ministre de la Justice, Simone Veil, une amie rencontrée sur le terrain de la lutte en faveur des droits des femmes. Pour raconter ses propres combats, l'avocate laisse en héritage un livre biographique intitulé Une farouche liberté. L'ouvrage co-écrit avec Annick Cojean, journaliste au quotidien Le Monde, sortira le 19 août prochain en librairie. De Paris : Samia lokmane-khelil