La situation pandémique due au Covid-19 est loin de connaître un ralentissement en Algérie. L'évolution des chiffres de contamination analysés du 1er mars au 3 août par les experts de l'Institut national de santé publique montre bien que l'épidémie n'a pas connu de répit. Les données inventoriées dans le dernier bulletin n°89 de l'Institut national de santé publique (INSP) montrent que le virus poursuit sa propagation à travers plusieurs régions du pays. Les tendances du nombre de malades obtenues par PCR ont atteint les 31 972 cas positifs jusqu'au 3 août dernier. En revanche, le nombre de malades Covid-19 recensés après examen radiologique TDM (tomodensitométrie) représente le double de celui des personnes testées positives après une confirmation biologique. Autrement dit, l'Algérie compte 63 944 patients diagnostiqués jusqu'à lundi dernier par scanner seulement. Si l'on additionne les cas confirmés, selon la norme prescrite par l'OMS, l'Algérie dépassera les 95 000 patients touchés (probables et confirmés) par l'épidémie qui sévit dans le pays depuis six mois. C'est dire que le pays se rapproche du cap des 100 000 cas. Ce décompte épidémiologique scruté par les scientifiques de l'INSP sur la base des données mises en ligne par le ministère de la Santé indique que le nombre de réservoirs épidémiques ne cesse de se multiplier à travers le territoire national. En un mot, six mois après son apparition, l'activité du coronavirus reste intacte. Malgré les six mois de lutte avec sa lourde facture, le risque de dangerosité du virus n'est pas complètement écarté. Les analystes de l'INSP font d'ailleurs remarquer que la Covid-19, qui avait fait officiellement son entrée dans la wilaya de Blida le 2 mars, avec quatre personnes infectées, membres d'une même famille, a poursuivi "promptement" sa progression au point de se propager à travers les 48 wilayas du pays. L'étude de l'INSP a dressé une sorte de bilan d'activité du coronavirus avec, à la clé, des dates et des chiffres de référence de l'épidémie jusqu'au 31 juillet dernier. Les auteurs du bulletin au n°89 rappellent le premier cas confirmé de Covid-19, survenu le 25 février à Ouargla. Il s'agissait d'un ressortissant italien. Ils ont mentionné aussi la date du premier décès dû au Covid-19, soit le 12 mars, dans la wilaya de Blida. Ces dates repères ont permis aux analystes de détailler la répartition des taux d'incidence par wilaya durant toute la période d'activité du virus. L'étude reprend, d'une manière circonstanciée, l'évolution des taux d'incidence des cas PCR+ et scanner+, mois par mois, de l'épidémie. Il faut retenir qu'aucune wilaya n'a enregistré une incidence en dessous de 8 cas pour 100 000 habitants. Les cas notifiés émanent de toutes les régions et la part du centre du pays ne représente plus que 37,2% du total des cas. Le taux d'incidence a été multiplié par un facteur de 42,47 durant la période allant du 31 mars au 31 juillet derniers. L'analyse en question reprend également l'évolution des taux d'accroissement, mois par mois, des cas PCR+ et des cas diagnostiqués par le scanner. Au total, le taux d'incidence des cas PCR+ est passé de 1,68 cas pour 100 000 habitants le 31 mars, à 71,35 le 31 juillet, soit un différentiel de 69,7 points en quatre mois. Alors que l'incidence des cas TDM+ a été multipliée par 13 entre la fin avril et la fin juillet, en passant de 11,11 à 148,52 cas pour 100 000 habitants. À partir du 31 mai, l'activité du virus est devenue nationale. Toutes les wilayas ont enregistré au moins un cas de Covid-19. L'analyse de l'INSP a traité aussi l'évolution quotidienne du nombre des nouveaux décès. Au 31 juillet, les wilayas qui ont déploré les taux de mortalité les plus élevés sont Blida (10,31 décès pour 100 000 habitats), Sétif (6,07), Tipasa (6), Alger (5,27) et Ouargla (4,29). Quatre de ces wilayas sont situées dans le top 5 des régions avec les plus fortes incidences. S'agissant du taux d'hospitalisation, le mois de juillet reste le mois qui a enregistré une élévation importante du nombre de patients hospitalisés. Leur nombre, durant la période allant du 1er au 24 juillet, est passé de 9 005 à 12 784, avec des taux d'hospitalisation respectifs de 21,0 et de 30 pour 100 000 habitants, d'où la saturation des hôpitaux dans plusieurs wilayas. Les experts de l'INSP ont, cependant, relevé une baisse des hospitalisations à partir du 25 juillet. Le nombre a diminué jusqu'à 8 231 le 31 juillet avec un taux d'hospitalisation de 19,36 pour 100 000 habitants. Ce recul s'explique, selon toute vraisemblance, par les mesures prises après la réunion du 9 juillet présidée par le président de la République au cours de laquelle des décisions ont été prises pour renforcer le dispositif national d'hospitalisation, au point d'atteindre 20 000 lits dédiés au Covid-19. Il y a lieu, enfin, de relever que l'apogée de l'épidémie a été observé durant le mois de juillet où le nombre de nouveaux cas PCR+ notifiés a été multiplié par un facteur de 3,6. En fait, le mois de juillet est marqué par une hausse importante des déclarations avec, en moyenne, 531,8 cas par jour. Le pic épidémique national a été pulvérisé le 24 juillet dernier avec 675 cas. 16 487 ont été enregistrés, soit 3,65 fois plus qu'au mois de juin. Ce parcours pandémique effectué par l'INSP mérite, néanmoins, d'être suivi de propositions pratiques. Des propositions ciblées et orientées pour contribuer au renforcement du dispositif de prévention et de protection mis en place par les autorités sanitaires. Hanafi H.