Un policier est mort après les violentes manifestations qui ont émaillé le pays samedi soir et qui se sont poursuivies hier, en signe de colère contre la classe dirigeante. Le Premier ministre libanais Hassan Diab a annoncé dans la nuit de samedi à hier son intention de proposer la tenue d'élections législatives anticipées, après une journée de manifestations massives dans la capitale Beyrouth, émaillées d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Selon la police libanaise, un agent des forces de l'ordre a été tué lors de ces heurts, violents par endroits. Les médias libanais évoquent, de leur côté, des dizaines de blessés parmi les manifestants qui ont pris d'assaut, en fin de soirée, plusieurs ministères de la capitale, en signe de colère contre les dirigeants libanais, tenus pour responsables des explosions meurtrières au port de Beyrouth et qui ont fait au moins 158 morts et plus de 6000 blessés, alors que 300 000 Libanais se sont retrouvés sans abri. "Nous ne pourrons sortir de la crise structurelle du Liban qu'en organisant des élections législatives anticipées pour produire une nouvelle classe politique (...) Lundi (aujourd'hui, ndlr) je soumettrai au Conseil des ministres un projet de loi pour la tenue d'élections législatives anticipées", a affirmé le Premier ministre Diab dans une allocution télévisée, invitant par-là même l'ensemble des partis politiques à s'entendre sur la prochaine étape. "Une seule partie ne pourrait pas, seule, supporter la situation actuelle. Le pays ne peut pas tolérer les surenchères politiques. La douleur est trop grande, et chacun est tenu de laisser de côté ses comptes électoraux et son discours populiste", a-t-il soutenu, en ajoutant : "Aujourd'hui, nous devons assumer notre responsabilité nationale. Le pays vit une catastrophe massive, dépassant de loin sa résilience." Si l'organisation d'élections législatives anticipées était au cœur des revendications de la "révolution d'octobre 2019", le contexte a depuis évolué, entraînant une aggravation de la crise de confiance entre peuple et dirigeants, alors que la tragédie qui a frappé Beyrouth mardi dernier agit désormais comme un véritable catalyseur au milieu des populations, plus que jamais déterminées à faire renverser le régime en place. Samedi, les milliers de manifestants qui ont déferlé dans les rues de la capitale, criant "Vengeance", ont exigé le "départ immédiat" de toute la classe dirigeante au pouvoir depuis plus de trois décennies. Symbole de cette colère montante, les manifestants ont installé des guillotines en bois sur la place des Martyrs à Beyrouth, criant "Vengeance", "Chute du régime", tandis que d'autres ont qualifié les dirigeants du pays de "criminels".