L'emprisonnement du journaliste Khaled Drareni continue de soulever les consciences et de mobiliser l'opinion publique. Les avocats du collectif de défense des détenus d'opinion de Tizi Ouzou ont organisé, hier, une conférence de presse pour plaider la cause du détenu de Koléa. "On s'est acharné contre Drareni parce que c'est un journaliste qui travaille à l'internationale et c'est une voix qui porte au-delà des frontières. Drareni dérangeait parce qu'il ne sortait pas dans la rue seulement vendredi et aussi parce qu'il couvrait le PAD. L'affaire de la carte de presse est utilisée juste pour justifier sa condamnation car personne n'ignore que cette carte n'a pas été l'objet des poursuites engagées à son encontre", a résumé l'avocat Me Kaci Rahem qui dit être convaincu que "la condamnation de Drareni est plutôt un avertissement pour les autres journalistes et qu'à travers son affaire, c'est la liberté d'expression qui est visée". Abondant dans le même sens, Me Nabila Smaïl a soutenu avec la plus ferme conviction que "l'affaire Drareni n'est pas une affaire judiciaire, mais plutôt un règlement de comptes politique". "On l'accuse d'atteinte aux intérêts du pays et d'incitation à attroupement, puis on lui pose des questions sur ses couvertures du samedi et du PAD", s'est indignée cette avocate. Pour sa part, Me Aïssa Rahmoune dit ne voir dans cette affaire qu'un "cas concret de l'instrumentalisation de la justice à des fin politiques". "Je me souviens avoir participé, il y a quelques années, à plusieurs rencontres, comme ce fut le cas au Maroc, où le ministre actuel se présentait comme journaliste freelance, cette même qualité qu'il dénie aujourd'hui à Drareni", a-t-il rappelé. Me Saïd Halit a, quant à lui, mis l'accent sur les conventions internationales ratifiées par l'Algérie concernant les droits de l'Homme et la liberté d'expression, et qui sont aujourd'hui violées à travers cette affaire. Par ailleurs, et pour exprimer leur solidarité avec le journaliste emprisonné, un rassemblement a été organisé, hier, par des journalistes, des avocats, des militants politiques et des citoyens, à Tizi Ouzou, à l'effet de réclamer la libération de Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal de Sidi M'hamed. Ce rassemblement a été dispersé par la police. En effet, ce rassemblement venait à peine de débuter sur la place de l'ex-mairie du centre-ville de Tizi Ouzou, vers 10h30, lorsque les participants ont été encerclés par des dizaines de policiers qui les ont sommés de mettre fin au rassemblement. Devant la détermination des forces de l'ordre à empêcher la poursuite du rassemblement, les manifestants ont préféré quitter les lieux. Durant le court laps de temps qu'a duré la manifestation, les participants ont déployé deux banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Libérez Khaled Drareni", "Le journalisme n'est pas un crime".