"Le champ de compétences du ministère de l'Industrie pharmaceutique est connu et ne peut se prévaloir d'une O. P. A. sur un domaine reconnu juridiquement de par le monde comme celui d'une autorité sanitaire nationale." C'est à travers cet autre argument que le Dr Abdelhak Zefizef, vice-président national du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), continue de justifier l'opposition de sa corporation à la mise de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (Anpp) sous l'autorité du ministère délégué chargé de l'Industrie pharmaceutique. L'agence dispose en toute logique d'une mission de santé publique au sens le plus large du terme, alors que l'industrie pharmaceutique a des liens directs avec les opérateurs en industrie qui auront à réaliser des projets, la production de médicaments inscrits dans une nomenclature nationale suivant une stratégie tracée par le secteur de la santé par le biais de cette agence. Pour le Dr Zefizef, le ministère de l'Industrie pharmaceutique devrait plutôt s'occuper des nombreux problèmes qui empêchent les investisseurs d'avancer dans leurs projets, les orienter vers des médicaments innovants ou essentiels et les accompagner dans l'exportation et la conquête de marchés à l'internationale. "Nous voyons mal un secteur industriel s'occuper de problèmes relevant du ministère de la Santé", argue-t-il. L'Algérie a, pour rappel, accueilli, en mai 2017, le Forum africain du médicament. Parmi les résolutions importantes du Forum, il est mentionné la création de l'Agence africaine du médicament (AMA). D'ailleurs, l'Algérie s'est proposé d'abriter le siège de cette nouvelle agence, comme ce fut le cas pour le siège d'Afripol en mai 2018. Les ministres africains de la Santé adoptent à l'unanimité le traité portant création de l'AMA au cours de la 32e session de l'Union africaine (UA) en février 2019. Notre pays signe ce traité en mai 2019. Le document — traité — indique dans son article 12 que l'instance suprême de l'AMA est "la conférence" composée des pays ayant signé le traité (conférence des Etats parties). L'article 12 alinéa 2 stipule que "les Etats parties sont représentés par les ministres en charge de la Santé ou leurs représentants dûment autorisés". Par conséquent, "si l'Algérie modifie la loi sanitaire et son article 224 — qui place l'agence sous tutelle du ministre chargé de la Santé — et qu'elle met cet établissement sous l'autorité du ministère de l'Industrie pharmaceutique, notre pays sera systématiquement exclu de l'Agence africaine du médicament", avertit le Dr Zefizef. Une hérésie pareille, déplore-t-il, créerait une situation dangereuse et très préjudiciable au système de santé algérien. "Nous espérons que cet appel à la plus haute autorité du pays épargne et préserve l'équilibre et la cohésion de notre politique de santé qui a plus besoin de réformes et de décisions réfléchies", soutient le vice-président national du Snapo.