Plusieurs mois après avoir reçu les dernières figures politiques qui lui ont rendu visite, le chef de l'Etat a repris les discussions avec une partie de la classe politique. Le président de la République a reçu, dimanche, des représentants de groupes politiques et des personnalités réunies autour d'un bloc appelé "les forces nationales de la réforme". Cette rencontre, qui s'est tenue à la présidence de la République, a été largement commentée et couverte par les médias officiels. Un signe que les autorités comptent désormais beaucoup sur ce nouveau conglomérat pour animer la scène politique. "Le débat avec le président Tebboune était ouvert, franc et large et a touché tous les dossiers", a affirmé Tahar Benbaïbèche, président du parti Fajr el-djadid et, accessoirement, porte-parole de ce groupe. Il ajoutera, à la sortie de l'audience, que "tous les initiateurs du Collectif ont eu l'opportunité d'exposer leur point de vue et de soumettre des propositions jugées adéquates durant cette conjoncture exceptionnelle". La rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et ce groupe de partis politiques, associations et personnalités ne s'est pas faite ex nihilo. Au lendemain d'une réunion tenue à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, largement médiatisée par les médias publics, le chef de l'Etat s'est félicité de cette "initiative". Un clin d'œil à un groupe de partis politiques, hétéroclites, dont une bonne partie est recrutée parmi les anciens supporters d'Abdelaziz Bouteflika. Dans les résolutions qui ont sanctionné leurs travaux, tenus le week-end dernier, ces formations politiques appuient le processus actuel de sortie de crise, basé essentiellement sur la révision constitutionnelle, et annoncent émettre des propositions. Cette position, qui tranche avec celle du PAD ou des courants du Hirak populaire qui refusent la feuille de route des autorités, est donc une bouée de sauvetage pour le chef de l'Etat. Ce dernier, qui ne peut compter sur les deux anciens partis du pouvoir, à savoir le FLN et le RND, devenus impopulaires, a besoin de soutiens politiques au-delà du "mouvement associatif" dont il loue les mérites depuis plusieurs mois. Tout en voulant demeurer "militant de tous les partis politiques" en étant "Président de tous les Algériens", Abdelmadjid Tebboune cherche-t-il à s'entourer de forces politiques qui vont l'appuyer dans sa démarche politique ? Si le chef de l'Etat a toujours exclu toute appartenance partisane, il sait, en effet, qu'il a besoin de forces politiques et autres courants d'opinion pour l'appuyer dans sa démarche actuelle. L'appui des partis politiques comme le FLN et le RND qui, malgré les facilités obtenues pour réunir leurs instances et renouveler leurs chefs n'ont pas réussi à se débarrasser de leur encombrant passé, serait malvenu pour un Président qui cherche à tout prix à donner de lui l'image d'un homme qui veut conduire le pays vers le renouveau. D'où la recherche de nouveaux soutiens. Mais qui sont ces "forces nationales de la réforme" ? Une revue des images diffusées après la réunion, tenue la semaine dernière à l'hôtel El-Aurassi, nous donne un ensemble invraisemblable : cela va des anciens dirigeants du FIS dissous, jusqu'aux transfuges du MSP, en passant par des partis politiques qui ont participé à la dernière élection présidentielle. À ceux-là s'ajoutent des syndicalistes, à l'image du Syndicat national des magistrats, de celui des imams et fonctionnaires des affaires religieuses. Même l'Association nationale de défense des consommateurs.