Le magazine Ineffable vient de lancer le premier musée virtuel interactif dédié à l'artiste peintre Baya Mahieddine, de son vrai nom Fatma Haddad. Le magazine d'art célèbre ainsi l'une des pionnières de la peinture algérienne au travers d'une collection de toiles numérisées, depuis les années soixante jusqu'aux années quatre-vingt-dix, soit plus de trente ans de beauté, d'action et d'anticonformisme. Dix tableaux de gouache et d'aquarelle tapissent les cloisons de cet espace virtuel. Femme et Paon, Mère et Enfant, Musiciennes sont autant de tableaux que les Algériens peuvent redécouvrir. Les fenêtres interactives du musée nous renseignent par exemple sur les spécificités de l'artiste qui "construit un univers clos exclusivement féminin. Aucune de ces œuvres ne représente des hommes. Peu sont celles qui représentent des enfants". Aussi ne signa-t-elle jamais ses œuvres de son prénom, lui préférant un symbole circulaire surmonté de quelques pontillés. Danseuses aux paons, créée en 1992, également disponible dans cette expo virtuelle, représente "le retour de Baya à la peinture, après une décennie d'inactivité pour se consacrer à sa vie familiale après avoir épousé le musicien El Hadj-Mahfoud Mahieddine avec qui elle aura six enfants". La femme, la nation, la nature, son surréalisme provocateur qui a intéressé les plus grands, dont Picasso lors de son exposition à Paris, sont des œuvres intemporelles qui ont mis l'Algérie au-devant de la scène internationale par le génie créatif de ses artistes, qui allaient devenir quelques années plus tard les fondateurs de la peinture moderne nationale. Pour rappel, Ineffable est un magazine multilingue culturel et artistique qui "vise à promouvoir et à populariser les arts et le patrimoine culturel algériens à travers une démarche participative" . Pour ses numéros, dédiés à l'actualité culturelle et internationale, il fait appel à des experts, à des auteurs et à de jeunes défenseurs du patrimoine et de la culture algériens. Son dernier numéro, sorti au début du mois en cours, revient sur le patrimoine en péril et notamment sur l'affaire des fresques vandalisées à Alger-Centre. "Cette édition est un hommage aux murs de La Casbah qui s'effondrent chaque jour, aux fresques urbaines saccagées par ignorance, à notre patrimoine oublié et à celui qui reste aujourd'hui encore inconnu." R. C.