Dès la démission de l'ancien Président malien, les militaires ont affirmé leur intention de remettre le pouvoir aux civils rapidement, même s'ils n'ont pas fixé de délai pour cela. Les militaires maliens, en discussions marathoniennes depuis quatre jours avec la médiation ouest-africaine, ont démenti les informations faisant état de la mise en place d'une transition de trois ans, sous la direction d'un militaire. "Dimanche soir, nous avons été surpris par les déclaration rapportées par certains médias et qui parleraient de discussions par rapport à la transition. Je tiens à préciser qu'à ce stade de discussions avec l'équipe de médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), rien n'a encore été décidé", a déclaré hier après-midi le colonel Ismaël Wagué, porte-parole des militaires maliens, qui ont renversé, mardi dernier, le désormais ex-président contesté Ibrahim Boubacar Keïta. "À aucun moment on n'a parlé d'un gouvernement à majorité militaire", a-t-il précisé, soulignant que "toute décision relative à la durée de transition, à la présidence de cette transition et à la formation du gouvernement se fera entre Maliens, avec les partis politiques, les groupes sociopolitiques, les syndicats, les groupes signataires (de l'accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger, ndlr), les membres de la société civile, conformément à notre première déclaration", en référence à la première déclaration du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui a été installé par les militaires, il y a une semaine. Le CNSP, dirigé par le colonel Assimi Goïta, est actuellement en négociations avec les représentants de la Cédéao, à leur tête l'ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, pour trouver une issue à cette nouvelle crise qui a plongé le Mali dans le vide institutionnel. Forts du soutien de l'opposition et d'une partie du peuple qui a applaudi leur putsch, les militaires maliens avaient annoncé dès le début n'avoir aucune intention à demeurer au pouvoir et qu'ils avaient agi pour éviter au pays de sombrer dans le chaos. Le bras de fer qui a opposé l'ex-président au Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), la nouvelle coalition de l'opposition que dirige entre autres l'influent imam Mahmoud Dicko, a dégénéré les 10 et 11 juillet dernier en violences meurtrières à Bamako. Au moins 13 manifestants sont morts et plus d'une centaine a été blessée dans la répression du rassemblement organisé par le M5-RFP, selon un bilan officiel, provoquant la radicalisation de ce mouvement qui a posé comme condition à tout dialogue politique la démission d'IBK, la dissolution de l'Assemblée nationale et la formation d'un gouvernement de transition. En attendant la mise en place d'un gouvernement de transition, les militaires maliens avaient annoncé dans la foulée la dissolution de l'Assemblée nationale et entamé des discussions avec le parti au pouvoir et l'opposition. Dans l'attente des résultats du dialogue avec la Cédéao, la vie a repris son cours à Bamako, mais la situation reste chaotique dans le centre et le nord du Mali, où les attaques terroristes et les violences intercommunautaires se poursuivent, ce qui constitue un des défis des militaires maliens et du futur président.