Des images montrant des monticules d'ordures entassées aux abords des routes, des plages et aussi dans des centres urbains défilent par centaines, voire par milliers sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Prises aux entrées des plages de Tigzirt et d'Azeffoun, dans la forêt de Yakouren, tout le long de la RN30 menant d'Oued Aïssi aux Ouadhias, dans différents centres urbains de la wilaya, à l'instar de Bouzeguène, Draâ El-Mizan et Larbâa Nath Irathen, ces images montrent souvent une situation environnementale qui ne cessent d'offusquer ceux qui luttent quotidiennement pour la propreté. À Tigzirt où, à quelques jours de la réouverture des plages, les autorités ont pourtant annoncé leur mobilisation pour assurer aux estivants de meilleures conditions d'accueil, plus particulièrement la propreté, les habitants et les estivants assistent ahuris à une impressionnante prolifération des charges sauvages un peu partout dans la ville et aux abords des plages. À l'entrée de la grande plage située en contrebas de la ville, il aura fallu l'intervention d'un groupe de bénévoles pour se débarrasser des monticules de déchets qui s'y étaient entassés. De nombreux habitants de la région n'ont pas cessé de s'interroger où étaient passés les services de la municipalité et les moyens promis par les autorités de wilaya. Mais s'il est vrai que le ramassage des ordures a montré ses défaillances, le civisme des estivants a aussi montré ses limites, tant des déchets sont jetés partout, y compris sur le sable des plages. Aux abords de la forêt de Yakouren, la situation n'est pas moins catastrophique. Si les commerçants qui se sont installés sur les accotements de la RN12 qui traverse la forêt tentent constamment de préserver la propreté des abords de la route en procédant au nettoyage de manière régulière, il suffit par contre de quelques pas au milieu des arbres pour se rendre compte de la catastrophe écologique qui guette ce plus important patrimoine forestier de la wilaya. Tout au long de la route longeant le barrage Taksebt, des milliers de bouteilles, en verre et en plastique, ainsi que des canettes jonchent les accotements. Cette situation concerne, à vrai dire, la plupart des routes de la wilaya de Tizi Ouzou qui sont devenues de véritables dépotoirs à ciel ouvert. Des opérations de nettoyage et de collecte des déchets sont souvent initiées par des cercles associatifs, comme cela a été le cas récemment à Tala Guilef et Tamda Ouglmim, mais les pollueurs semblent être toujours plus nombreux que ceux qui tentent de préserver l'environnement. Si les autorités pointent à chaque fois le doigt vers le seul incivisme des habitants, il faut aussi relever que la gestion des déchets par les autorités n'est pas moins problématique. En effet, selon les derniers chiffres de la direction de l'environnement, sur les 347 991 t de déchets produits annuellement dans la wilaya, 189 532 t, soit 54,46%, sont enfouis dans les CET. Ce qui n'est pas sans contribuer à la formation des décharges sauvages un peu partout, plus particulièrement dans les oueds et les accotements des routes. À ce titre, la même direction de l'environnement a recensé 324 grandes décharges sauvages à travers la wilaya. Les collectivités locales ne sont également pas exemptes de toute responsabilité dans ce phénomène environnemental, tant, selon la direction de l'environnement, sur les 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou, 48 possèdent des études de schémas directeurs de gestion des déchets ménagers qui n'ont pas été approuvées par les assemblées communales.