Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, soutient que la liste des interdictions à l'exportation n'a pas été établie dans une logique économique. Le ministère du Commerce a fixé récemment une nouvelle liste de produits interdits à l'exportation car bénéficiant de subventions ou fabriqués à partir de matières subventionnées. Cette liste comprend huit produits alimentaires, dont le sucre et les pâtes alimentaires mais aussi les masques et les savons pour les mains. Le département du Commerce vient, de ce fait, de mettre à jour cette liste qui comprend ainsi 55 positions et sous-positions tarifaires des douanes. Contacté à ce propos, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, soutient que cette liste n'a pas été établie selon une logique économique liée au commerce extérieur et sans concertation avec les opérateurs concernés. Il reste convaincu que cette mesure d'interdiction a un impact direct sur le niveau de production de ces entreprises et, par ricochet, sur l'avenir de leurs effectifs. "Il est clair qu'avec de telles décisions, les sociétés exportatrices verront leur production baisser. Ce qui, par conséquent, poussera les dirigeants de ces PME à libérer leurs effectifs et à procéder à des licenciements", avertit notre interlocuteur. Par ailleurs, il remet en cause le critère de produits "subventionnés", mentionné par la tutelle du Commerce. "Il y a lieu de clarifier d'abord ces produits dits subventionnés. À ma connaissance, il n'existe pas de produits subventionnés à l'export. Les producteurs de pâtes alimentaires et dérivés, tels que le couscous, la semoule, la farine... par exemple, exportent dans le cadre d'un régime douanier dit d'admission temporaire. Il s'agit d'un régime d'importation en suspension des droits et taxes et de toute prohibition économique, d'une matière première destinée à être transformée et exportée", a-t-il soutenu. Et d'ajouter : "L'exportation par le biais de ce régime douanier donne toutes les garanties que les produits finis et exportés sont fabriqués à partir de matières premières importées par l'opérateur lui-même. Les intrants ne sont pas achetés auprès de l'OAIC, pour ne citer que l'exemple des pâtes et dérivés." En outre, les exportations des pâtes alimentaires ne dépassent pas les 12 000 tonnes. "Ce qui demeure un volume insignifiant par rapport à la demande du marché national", argue-t-il encore. L'Algérie produit environ 5 millions de tonnes de blé dur et en importe 8 millions de tonnes, soit une capacité globale de 13 millions de tonnes. "Que représentent les 12 000 tonnes de pâtes exportées en comparaison avec les 13 millions de tonnes stockés ?", s'interroge Ali Bey Nasri. Concernant les huiles et le sucre, au lieu de suspendre les exportations, suggère-t-il, il serait plus judicieux de vérifier auprès des exportateurs concernés s'ils bénéficient ou pas de subventions. Ainsi, les exportateurs qui ont émargé à la caisse de compensation sont facilement identifiables. Les huiles et le sucre bénéficient, certes, d'une exonération des droits et taxes qui, dans le cadre d'une activité d'exportation, ne sont pas soumis à leur paiement. Toutes les activités d'exportation à l'échelle mondiale, tient-il à préciser, sont exonérées des droits de douanes et des taxes. Le président de l'Anexal avoue qu'il existe de nombreuses propositions de solutions avant de recourir à cette interdiction d'exportation. Ce sont des solutions qui peuvent être mises en application tout en garantissant l'approvisionnement régulier du marché. Ce qui demeure conforme aux mesures prises par le gouvernement visant à garantir la disponibilité des produits nécessaires sur le marché national. La plus mauvaise des solutions est, en revanche, celle d'interdire les exportations sans concertation avec les exportateurs concernés. Ces derniers sont au nombre de dix. Les réunir autour d'une table pour discuter de toutes ces problématiques est à la fois réalisable et primordial. Il fallait que les pouvoirs publics organisent des rencontres de concertation au préalable avec les opérateurs concernés avant de prendre toute décision dans ce sens.