La dizaine d'entreprises qui exportait auparavant ne reprendra pas de si tôt les exportations, malgré la récente levée de l'interdiction, décidée en août 2009, nous a affirmé Ali Bey Nasri, consultant en commerce extérieur. Le ministère du Commerce a certes levé l'interdiction d'exportation des pâtes alimentaires en décembre mais cette décision est venue tardivement car les entreprises exportatrices ont déjà perdu leur marché, a-t-il déploré. Malgré la faiblesse des exportations hors hydrocarbures, celles des pâtes alimentaires ont atteint 20 millions de dollars à la veille de la décision du ministère du Commerce, a-t-il remarqué. Le blocage de l'exportation de ces produits reste incompréhensible par les opérateurs qui se réfèrent aux expériences des autres pays comme la Tunisie et l'Egypte qui sont confrontés à la même situation (subvention du prix du blé sur leur marché local) mais n'ont pas décidé de suspendre les exportations. L'Union européenne accorde, de son côté, une aide annuelle de 64 milliards de dollars à l'agriculture européenne pour soutenir les exportations des produits transformés. Le retour des entreprises algériennes sur le marché étranger sera difficile, a insisté le consultant, dans la mesure où le produit algérien a été vite remplacé par celui des autres pays. S'ajoute à cela la difficulté de regagner la confiance des clients qui ne seront pas convaincus de reprendre le contact avec des fournisseurs algériens. De son avis, la décision du ministère de suspendre les exportations de pâtes n'a pour explication qu'une mauvaise compréhension des exportations. Jusqu'à présent, ce département ministériel n'a pas libéré d'une manière plus large les exportations de pâtes alimentaires. Ce marché, a-t-il expliqué, a été libéré sous des conditions à travers lesquelles l'opérateur est tenu d'importer le blé qu'il utilisera dans la production sous le régime de l'admission temporaire. Ce régime douanier permet de recevoir le blé importé dans un territoire douanier en suspension totale ou partielle des droits et taxes à l'importation, dans le but d'exporter les pâtes produites à partir de ce blé. Et ce, dans un délai de six mois, a-t-il précisé. Une relance conditionnée par la révision du régime d'admission temporaire Il a expliqué qu'il est exigé dans le régime d'admission temporaire de fournir un contrat d'exportation pour pouvoir importer la quantité correspondante. Or, la contrainte concerne les quantités de blé à importer. Lorsque le volume de pâtes à exporter ne dépasse pas, par exemple, 40 tonnes, l'entreprise sera obligée d'importer juste la quantité correspondante à cette commande. L'achat d'une petite quantité de blé coûtera cependant à l'entreprise deux fois plus cher, contrairement aux opérations d'importations où les quantités importées sont importantes et par là même à des prix moins élevés. L'opération d'importation n'est rentable que si la quantité dépasse les 3500 tonnes, a précisé le consultant. Pour parer à cette contrainte, l'entreprise exportatrice doit bénéficier d'un délai d'admission temporaire plus long afin de pouvoir importer de plus grandes quantités de blé et garantir ainsi la rentabilité de ses opérations d'importation. Le régime de l'admission temporaire, qui est pratiqué par tous les pays, doit donc être appliqué d'une manière spécifique aux entreprises exportatrices. Il a relevé que le régime de l'admission temporaire a été réclamé par les entreprises en septembre 2009, mais le ministère du Commerce n'a donné son accord qu'en décembre, soit 15 mois après.