Nouveau report du procès de la fameuse Mme Maya. En effet, le tribunal de Chéraga (Alger) a procédé, hier, au report du procès de Nachinachi Zoulikha-Chafikha, plus connue sous le sobriquet de "Mme Maya", pour le 30 septembre prochain, à la demande de la défense, a précisé Me Bergheul. L'affaire de cette dame qui a amassé une belle fortune en se faisant passer pour la fille cachée de l'ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika et en n'hésitant pas à entraîner dans cette spirale ses propres filles, a connu un premier report le 5 du mois en cours. En fait, elle est poursuivie dans deux affaires. La première, instruite par la Cour suprême, a éclaboussé deux anciens ministres, aujourd'hui en prison, Abdelghani Zaâlane et Mohamed Ghazi, respectivement ex-walis d'Oran et de Chlef, mais aussi un ancien député. La seconde affaire pour laquelle comparaît Mme Maya concerne une dizaine de prévenus, en détention pour la plupart, dont ses deux filles, le fils de Mohamed Ghazi, mais surtout l'ex-DGSN Abdelghani Hamel, condamné récemment à 12 ans de prison ferme. Tout ce beau monde s'est vu reprocher plusieurs crimes : "blanchiment d'argent", "trafic d'influence", "octroi d'indus avantages", "dilapidation de deniers publics", "incitation d'agents publics pour l'octroi d'indus avantages" et "transfert illicite de devises vers l'étranger". Mme Maya avait été arrêtée en juillet 2019, dans sa villa à Moretti, à l'ouest de la capitale. Au cours de leurs investigations, les services concernés ont, dans la villa n°143 qu'occupait Mme Maya à la résidence d'Etat, mis la main sur 270 000 euros, 30 000 dollars, 120 millions de dinars, 17 kg de bijoux en or et des faux passeports. La découverte de ces documents administratifs a valu aux deux filles de cette dame 18 mois de prison. Avant son arrestation, Mme Maya était une femme puissante comptant un large réseau de connaissances très utiles (ministres, walis, hauts fonctionnaires, responsables sécuritaires, etc.), de nombreux biens immobiliers en Algérie comme à l'étranger, des comptes bien garnis en dinars et en devises, etc. Une personnalité bénéficiant d'une escorte policière 24 heures sur 24 et pour laquelle toutes les portes de la République s'ouvraient facilement. Comment Mme Maya a-t-elle connu une ascension aussi fulgurante ? Une seule rencontre en 2000 avec l'ancien président de la République, ami de son père moudjahid, a servi de tremplin à Mme Maya pour se frayer une place au soleil dans le très sélect monde des affaires. Pour amasser son immense fortune, elle s'était surtout servie d'un sésame : fille cachée du président. Ce n'est qu'en 2017 que le frère conseiller du président, Saïd, a découvert la supercherie, en instruisant le coordinateur des services de sécurité à la Présidence, Bachir Tartag, d'ouvrir une enquête sur cette usurpatrice d'identité qui sera arrêtée avant d'être relâchée. Mais ce n'est qu'en juillet 2019, au lendemain de la chute de son bienfaiteur, que Mme Maya entrera en disgrâce.