Acteur majeur dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel, la France a appelé hier à une transition "rapide", qui devrait se faire en quelques mois seulement. Les militaires maliens, au pouvoir depuis le 18 août dernier après le renversement de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, se sont vu proposer samedi soir une transition allant de 18 à 24 mois par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), alors que les partenaires régionaux et internationaux réclament une courte période de transition ne devant pas dépasser un an. Lors de la rencontre, qualifiée par l'opposition de "prise de contact" avec le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP, militaires mutins), le M5-RFP a affirmé avoir proposé "une transition de 18 à 24 mois", a déclaré Choguel Maïga, à l'issue de la réunion qui a eu lieu à Kati, la ville garnison d'où est parti le coup d'Etat qui a renversé IBK. "Une transition de trois ans est trop, de mon point de vue", a déclaré l'influent imam Mahmoud Dicko, un des leaders du M5-RFP, en référence à la proposition du CNSP aux représentants de la médiation ouest-africaine (Cédéao). Le sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Cédéao de vendredi a demandé une transition rapide, avec la tenue d'une présidentielle et de législatives dans un délai d'un an et la restitution du pouvoir aux civils. La même proposition émane du M5-RFP qui a demandé des civils à la tête d'une présidence, d'un gouvernement d'une assemblée de transition, a expliqué encore à la presse M. Maïga. Le M5-RFP propose aussi la mise en place d'"un comité de suivi et de surveillance de la transition qui sera majoritairement composé de membres de la junte et du M5". Le CNSP devait organiser samedi une grande rencontre à Bamako, où il a invité de nombreux partis et organisations de la société civile, mais sans faire explicitement référence au M5-RFP en tant que tel, provoquant la confusion, mais ce rendez-vous a été reporté à la dernière minute à une "date ultérieure", sans en expliquer les véritables raisons. En écartant le M5-RFP de cette rencontre, le CNSP semblerait avoir voulu minimiser le rôle et le poids politique de ce mouvement, comme l'a vraisemblablement fait IBK, accélérant sa chute. Acteur majeur dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel, la France a appelé hier à une transition "rapide", qui devrait se faire en quelques mois seulement. "Il faut que cette transition se fasse rapidement (...) C'est une affaire de mois", a déclaré en effet la ministre française des Armées, Florence Parly, dans une interview aux médias français. "Si cela ne se faisait pas, alors le risque c'est que tout cela profiterait d'abord aux terroristes, parce que les terroristes se nourrissent de la faiblesse des Etats, et l'Etat malien est faible, très faible en ce moment", a-t-elle estimé. Pays voisin du Mali, l'Algérie a "dépêché" vendredi son ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, pour discuter de la situation et des moyens de sortir de cette nouvelle crise le plus rapidement possible et surtout sans trop de casses. Lyès Menacer