Alors qu'Angela Merkel revendique la chancellerie malgré sa victoire étriquée, Gerhard Schröder n'en démord pas et estime avoir le droit de garder son poste au vu du score obtenu par son parti. L'avance de dix points que possédait la CDU/CSU sur le SPD a réellement fondu comme neige au soleil, à voir les 36% dont a été crédité le parti conservateur dans ce scrutin législatif anticipé, à la demande du chancelier Gerhard Schröder. Avec 34% pour sa formation politique, le SPD, ce dernier aura arraché le droit de contester à la droite la chancellerie. Il ne s'en est d'ailleurs pas privé avant même que les résultats officiels ne soient publiés. Schröder répondait du tac au tac au chef de file du courant libéral, Angela Merkel, qui a vite fait de revendiquer la tête du gouvernement. Pour ce qui est de la répartition des sièges du Bundestag, il faut savoir que la CDU-CSU disposera de 225 sièges et le SPD de 222, le Parti libéral (FDP) de 61, le Parti de gauche (néo-communiste) de 54 et les Verts de 51. Bien que n'obtenant pas la majorité absolue requise pour gouverner à l'aise, y compris avec les 10,3% de son allié traditionnel le FPD, Merkel a qualifié les résultats des élections de “désaveu” pour Gerhard Schröder, d'où sa revendication à former un nouveau cabinet. Il est clair qu'aucun des deux prétendants ne peut atteindre aussi facilement son objectif, d'autant plus que Sociaux-démocrates et Chrétiens-démocrates refusent catégoriquement de s'allier avec le parti de gauche Linke, dont les 8,3% bloquent toute alliance entre les courants proches idéologiquement les uns des autres. Cette situation de blocage ramène sur le tapis l'hypothèse d'une alliance contre nature entre les deux antagonistes, à savoir la CDU/CSU et le SPD. C'est une possibilité à ne pas exclure définitivement, si l'on se fie aux déclarations d'Angela Merkel juste après les premiers résultats. Elle a affirmé qu'elle allait entamer des négociations avec tous les partis, à l'exception du parti de gauche. Il reste à connaître la réaction des Sociaux-démocrates, qui avaient jusque-là refusé cette éventualité. Ceci étant, c'est la confusion totale dans les milieux politiques allemands, surpris par les retombées de ce scrutin. Des négociations très serrées entre les différents courants sont attendues durant les prochains jours ou semaines. Revigoré par son inattendu score, Gerhard Schröder n'a pas l'intention de faciliter la tâche à ses adversaires politiques, bien au contraire, il s'accroche à la chancellerie. Il a failli réussir son coup de poker en convoquant des législatives anticipées. Aussi, il refusera certainement de sortir par la petite porte, d'où le risque de voir le blocage perdurer. En effet, rien n'indique qu'une solution se profilera à l'horizon de sitôt. Selon certains analystes de la scène politique allemande, la situation personnelle d'Angela Merkel a joué en sa défaveur, parce qu'elle ne représenterait par aux yeux d'une partie de l'électorat le type de femme germanique tel qu'il existe. Cela a profité au chancelier sortant, qui a quelque peu comblé son retard. Enfin, les élections de la région de Dresde I, qui compte 219 000 habitants, prévues le 2 octobre prochain, pourraient s'avérer déterminantes dans l'issue des élections législatives, dans la mesure où l'Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel ne dispose que de trois sièges d'avance sur le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Gerhard Schröder. K. ABDELKAMEL