Gerhard Schröder a laissé entendre pour la première fois, lundi, qu'il était prêt à renoncer à la chancellerie si son retrait permettait la conclusion d'un accord entre son Parti social-démocrate et les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU sur la formation d'une “grande coalition” en Allemagne. Dans une courte interview accordée à la chaîne de télévision RTL, Schröder affirme se battre pour la chancellerie afin de permettre au SPD de mettre en œuvre son programme politique. “Cela n'a rien à voir avec une revendication personnelle et encore moins avec ma propre personne”, déclare le chancelier. “C'est mon parti qui revendique la direction politique du pays et cette question ne peut être réglée que par les instances exécutives du parti. J'accepterai toutes les décisions qu'elles prendront. Je ne ferai obstacle à rien qui permettrait la poursuite du processus de réformes que j'ai engagées et un gouvernement stable en Allemagne”, assure Schröder. À l'issue d'une réunion de l'exécutif du SPD à Berlin, Franz Müntefering, président du parti, a réaffirmé que sa formation souhaitait le maintien de Schröder à la chancellerie. Il a ajouté que les conservateurs devraient traiter le SPD d'égal à égal dans le cadre d'éventuelles négociations globales en vue de la formation d'une “grande coalition”. Avant le conseil exécutif, Müntefering avait toutefois déclaré que le maintien de Schröder au poste de chancelier serait “discuté dans le cadre d'un accord global”. Prié de dire s'il était certain du maintien de Schröder, le président du SPD avait ajouté : “Cela n'a pas encore été clarifié pour l'instant.” Pour les observateurs, ces propos sonnent comme un renoncement du SPD à la chancellerie. “Le ton a changé”, remarque le politologue Volker Jacobs. Ce n'est plus “Schröder doit rester chancelier” mais “Schröder devrait rester chancelier”. De nouveaux pourparlers sont prévus aujourd'hui entre CDU-CSU et SPD. Pour les observateurs, les résultats des législatives illustrent les difficultés de l'Allemagne depuis la réunification de 1990. La CDU-CSU est arrivée largement en tête à l'Ouest mais seulement à la troisième place à l'Est. “L'Allemagne est plus divisée aujourd'hui qu'elle ne l'a été durant des décennies et c'est devenu évident avec cette élection”, relève Peter Lösche, politologue à l'université de Göttingen.