Les révélations au procès de l'ex-député Baha Eddine Tliba mettent en difficulté l'Assemblée nationale à majorité FLN dont les sièges avaient été négociés au prix fort. LA CHAMBRE BASSE A PERDU LE PEU DE CREDIBILITE QUI LUI RESTAIT L'APN sera-t-elle dissoute ? Entre dissolution pure et simple comme exigée par la plupart des Algériens et l'imminence du rendez-vous électoral, la balance risque de pencher vers le maintien de l'APN jusqu'à nouvel ordre. L'APN sera-t-elle dissoute après les révélations d'un des ex-enfants terribles du FLN ? Mercredi dernier, à l'ouverture de son procès, l'ancien parlementaire Bahaeddine Tliba a jeté un énorme pavé dans la mare, qui risque d'éclabousser ses collègues partisans de l'hémicycle Zighoud-Youcef, et invité les Algériens et la classe politique à s'interroger sur la légitimité d'une Assemblée plus que jamais fragilisée. Les interrogations soulevées par ce procès sont surtout d'ordre politico-juridique et constitutionnel, et posent avec acuité la légitimité d'une APN frappée au cœur. Des questions qui convoquent des lectures et des supputations en absence d'une réaction franche du gouvernement face à ces révélations et particulièrement concernant le sort qui sera réservé à une Chambre basse dans la tourmente. Entre dissolution pure et simple comme exigée par la plupart des Algériens qui ne se reconnaissent pas dans cette Assemblée et l'imminence du rendez-vous électoral, la balance risque de pencher vers le maintien de l'APN jusqu'à nouvel ordre. Une décision qui pourrait consommer, et définitivement, si elle venait à être actée, le divorce entre les Algériens et les parlementaires. En effet, le gouvernement, et sur le plan légal, devra fonctionner avec une Assemblée hors la loi "même si les résultats définitifs des élections législatives ont été homologués par le Conseil constitutionnel", explique le constitutionnaliste Reda Deghbar qui, dans une vidéo publiée sur Facebook, est revenu sur les révélations de Tliba devant le tribunal de Sidi M'hamed. À ce propos, il déclare que "si Tliba est condamné, le vote sera caduc même si les résultats ont été homologués par le Conseil constitutionnel". Il fait également le lien avec le référendum du 1er novembre qui doit être soumis auparavant à l'APN, une Assemblée qui, affirme-t-il, n'existe pas en fin de compte. Rappelant l'article 211 de la loi organique des élections qui précise que quiconque donne ou reçoit des dons en espèce ou en nature lors d'une opération électorale est condamné de deux à dix ans de prison, l'avocat précise également que l'une des conséquences du témoignage de l'ex-parlementaire est le devoir de la justice qui doit poursuivre tous les députés concernés par ces déclarations. Malgré cette levée de boucliers, il est peu probable que l'APN soit dissoute avant la tenue du référendum et même plus tard, et il est difficile d'imaginer le chef de l'Etat prendre une telle décision. Cette position ne sera pas facile à défendre face au tollé général soulevé par les révélations fracassantes de Tliba qui ont soulevé une onde d'indignation citoyenne relayée par les réseaux sociaux qui ont appelé à la dissolution de l'APN. Une demande qui n'est pas forcément nouvelle et qui revient avec insistance à chaque scandale enregistré par la Chambre basse. Plusieurs voix se sont aussitôt élevées pour demander l'ouverture d'enquêtes judiciaires contre ces élus qui ont payé le prix fort pour prétendre à leurs sièges. Sans être un secret d'Etat, les dernières Assemblées populaires cooptées durant la présidence de Bouteflika n'ont jamais fait l'unanimité parmi les Algériens, souvent accusées d'être élues à travers une fraude généralisée, mais l'APN de 2017 — contrôlée par le FLN avec ses 232 sièges sur 462 — a été parmi les plus décriées de par sa composante. Le témoignage de Tliba a le mérite de matérialiser cette dissociation entre les Algériens et l'APN, une Chambre du Parlement totalement discréditée et délégitimée par l'intrusion de l'argent "sale" dans l'équation électorale.
Said OUSSAD CERTAINS APPELLENT CARREMENT À LA DISSOLUTION DE L'APN Réaction des députés après les révélations de Tliba SELLAL, LOUH ET BEDOUI ACCUSES DANS L'AFFAIRE DES LISTES DU FLN L'autre scandale DES DEPUTES "ACHÈTENT" LEUR SIÈGE À COUPS DE MILLIARDS Une immunité et un accès au pouvoir