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"Il est important de préparer les candidats aux gestes barrières" Fatima-Zohra Sebaâ-Delladj, psychologue et maître de conférences à l'université Oran 2
Dans cet entretien, Mme Sebaâ-Delladj estime que la peur du coronavirus pourrait entraîner un taux d'absentéisme élevé chez les candidats aux examens du bac et du BEM mais aussi chez le personnel de l'encadrement. La psychologue souligne également l'échec de la communication des structures de l'éducation dont les directives sont souvent contradictoires ou confuses. Liberté : Quel pourrait être, selon vous, l'état d'esprit des candidats aux examens du baccalauréat et du BEM, compte tenu de cette longue et difficile parenthèse pandémique ? Fatima-Zohra Sebaâ-Delladj : Il semble évident que cette parenthèse pandémique, comme vous le dites, affectera non seulement l'état psychologique des candidats mais aussi leurs comportements et leur attitude et pourrait même entraîner des taux d'absence élevés des candidats mais aussi des surveillants et du personnel d'encadrement. N'oublions pas que pour le BEM et le bac, nous avons affaire à des adolescents qui pourraient de prime abord aborder l'examen quelque peu à la légère, en prétextant la situation sanitaire. Les mesures prises sur le plan sanitaire pourront faire augmenter le stress négatif chez certains. Tout dépendra de ce que le candidat aura vécu auparavant et il n'y a pas de miracle : si dans son environnement immédiat il a été correctement préparé aux gestes barrières, il n'y aura pas de problème, sinon ce sera plus difficile de s'adapter pour ceux qui vont en prendre connaissance et les appliquer au moment de l'examen. Beaucoup d'élèves avouent craindre de contracter le coronavirus et des parents doutent de la réalité d'une organisation répondant au protocole sanitaire. Pensez-vous que cette situation de stress aura une incidence sur les facultés de concentration des candidats et leur rendu ? Il ne faut pas oublier que, déjà, la situation d'examen est hautement anxiogène et maintenant s'ajoute la peur de la contamination et de la sanction pour non-respect des règles pour des adolescents récalcitrants. Comme pour toute situation, il faut se préparer individuellement et collectivement. Les gestes barrières sont simples à respecter et il faut suivre le protocole mis en place qui, j'espère, a été pensé et étudié sérieusement pour rassurer les candidats et leurs parents. Une fois rassurés par le personnel éducatif et leurs parents, les candidats seront au mieux pour gérer uniquement le stress dû à l'examen. La question de la communication institutionnelle est importante pour l'atténuation de l'angoisse des élèves et de leurs parents. Pensez-vous que le ministère de l'Education nationale ait suffisamment communiqué dans ce sens ? Malheureusement, non. La communication n'est vraiment pas notre fort. On agit toujours pour les autres et non avec les autres. Les décideurs, avant toute prise de décision, se doivent de consulter, d'écouter et de tenir compte des doléances émises. La maîtrise de la communication est fondamentale pour le succès de toute politique publique et se doit d'être continue et adaptée aux différents publics visés. Pour preuve de non-respect d'une communication efficiente, les différentes directives émises par les structures d'enseignement, d'éducation et de formation souvent contradictoires ou tellement confuses que nous comprenons une chose et son contraire et ce, quelle que soit la langue utilisée (arabe, français ou anglais).