En rejetant à l'unanimité le décret ministériel portant sur un certain nombre de réformes touchant aux secteurs maritime et portuaire, la Coordination nationale des syndicats des ports d'Algérie (CNSPA) a pris les devants, pour ne pas avoir à faire les frais d'une politique qui s'avère, aux yeux des nombreux syndicalistes réunis, hier, dans un grand hôtel à Oran, une “décision unilatérale ruineuse qui va à l'encontre des droits des travailleurs des ports”. Le ton est donné aux représentants des conseils syndicaux des entreprises portuaires qui ont dénoncé les “manœuvres du ministère des Transports” tendant à mettre en place un cadre institutionnel lié à la séparation entre les missions de puissance publique et de service public, d'une part, et les fonctions et activités économiques et commerciales, d'autre part. En termes clairs, le décret ministériel daté du 15 août 2005 s'attribue les prérogatives de mettre sur pied un projet sur la filialisation des services portuaires. Subodorant la privatisation des services portuaires concernant le commerce, la manutention, le remorquage et le pilotage, les représentants des dix ports d'Algérie ont évoqué le spectre du licenciement abusif auxquels seront soumis les travailleurs des ports. “Nous exigeons du ministère de tutelle des négociations concertées autour de la décision de séparation. Nous rejetons dans le fond et dans la forme cette mesure qui vise à démembrer les ports de ses travailleurs qui seront sacrifiés sur l'autel de la filialisation”, a affirmé un représentant syndical. Pris en étau par le ministère de tutelle et la Société de gestion des participations de l'Etat et des ports (Sogeports), les représentants syndicaux de la CNSPA ont menacé de recourir à la grève pour annuler la décision ministérielle. “Le ministère de tutelle et la Sogeports agissent de connivence contre les intérêts des travailleurs. C'est une pratique éhontée qui se fait sur le dos des travailleurs”, a déclaré un représentant syndical. Etrillant la Centrale syndicale, un représentant de la CNSPA s'est écrié : “La Centrale syndicale est devenue un nid d'affairistes et de mafiosi qui font des affaires au détriment des travailleurs. Nous objectons par un non péremptoire au décret ministériel.” Au terme de la rencontre, les représentants syndicaux des ports d'Alger, d'Arzew, de Ténès, d'Oran, de Skikda, de Ghazaouet, de Annaba, de Jijel, de Béjaïa et de Mostaganem ont adopté unanimement une plate-forme de revendications qui se traduira sur le terrain par la tenue, le 10 octobre prochain, des assemblées générales dans tous les ports. Par ailleurs, la date du 16 octobre 2005 a été retenue comme date-butoir pour l'annulation du décret ministériel qui doit prendre effet à compter du 1er janvier 2006. Enfin, certains membres de la CNSPA n'ont pas écarté la possibilité d'une grève générale si leurs revendications viennent à être rejetées par la tutelle. B. Ghrissi