Ecrit dans le style narratif, l'ancien élève de l'école nationale d'administration convie le lecteur à s'engouffrer dans le secret de conciliabules sans fioriture ni préambule, tout en offrant ce qu'il a de plus "croustillant" en matière d'échanges entre diplomates. Il y a du nouveau au rayon "diplomatie" où vient de s'indexer le livre "Diplomatie et Médias" de Cherif Chikhi (éd, Dahlab 2020). Au-delà qu'il revêt le sceau mémoriel, l'opuscule est aussi l'aubaine d'autant belle pour s'introduire dans l'univers énigmatique des relations extérieures. Sur ce point, l'œuvre reflète la carrière de l'auteur et la lecture est en fait une visite conçue au fil des pages illustrées d'images, où il est loisible au lecteur de s'instruire de l'art du doigté mais aussi du tact et de l'habilité si distinctif aux tâches de la diplomatie. Ecrit dans le style narratif, l'ancien élève de l'école nationale d'administration (ENA) d'Alger convie d'emblée le lecteur à s'engouffrer dans le secret de conciliabules sans fioriture ni préambule. A ce propos, l'auteur offre ce qu'il a de plus "croustillant" en matière d'échanges entre diplomates, notamment les propos de Peter Van Walsum, l'ex-envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental qui alléguait en 2006 : "à l'impossibilité de faire accepter au royaume chérifien un référendum d'autodétermination pour les Sahraouis, en dépit que la légalité était favorable au Front Polisario" (sic). D'où, qu'il est requis à l'élève de l'ENA d'avoir dans sa valise diplomatique l'abécédaire de la "communication" "qui pourrait être source d'échec patent si l'éloquence est mal gérée", préconise l'auteur. De ce point de vue, l'ancien fonctionnaire à Maputo (ex-Lourenço Marques) au Mozambique exhorte le futur "col blanc" à s'orienter vers la communication, source de "manœuvres diplomatiques". Autrement dit, le plénipotentiaire se doit d'opter pour l'affété mot qu'il faut afin qu'ilsoit persuasif, préconise l'auteur qui professe l'Abc de la diplomatie à l'Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) qui est sous la tutelle des Affaires étrangères. Dans cette option, la manipulation guette les mots pour qu'ils soient détournés ainsi de leur sens initial, afin de dissimuler des vérités à l'opinion publique et de séduire l'auditoire face à l'arbitraire. Alors et pour étayer ses assertions, l'auteur évoque les mots inappropriés : "heurts" ou "affrontements" utilisés à tort lors des chocs entre les enfants de l'Intifadha et Israël alors qu'il s'agît de "massacres" perpétrés par l'Etat hébreu dans la bande de Gaza aux mois d'avril et de mai 2018. Et en dépit de la manipulation linguistique, "la commission d'enquête de l'ONU qualifiera, en février 2019, la riposte israélienne aux manifestations palestiniennes de crimes de guerre contre l'humanité", écrit Cherif Chikhi. Et, en ce qui a trait à l'éloquence, s'esquisse sans aucun doute au fil du vécu de l'auteur mais aussi de l'acquit qu'il a enrichit au gré de ses rencontres avec des personnalités politiques algériennes et étrangères lors de ses périples à Washington, Londres puis en Ukraine et au Vietnam. Et à l'heure où le monde n'est plus qu'un petit village, la diplomatie se doit d'être à l'avant-garde de ce qui se fait le mieux en matière de communication qui soit adaptée aux conditions de notre temps, insiste l'auteur. A ce titre, l'ouvrage de Cherif Chikhi se veut l'avant-projet d'une charte d'éthique de notre diplomatie qui devrait être proche des préoccupations de nos citoyens à l'étranger.
Louhal Nourreddine "Diplomatie et Médias" de Cherif Chikhi, édition Dahlab 2020), 149 pages, 1 000DA