"Nous avons demandé le report car de nombreux avocats n'étaient pas présents en raison de leurs obligations professionnelles et pour bien préparer le dossier", a indiqué, à "Liberté", Me Badi, un des membres du collectif. Prévu pour hier au tribunal de Koléa, ville sise à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, le procès très attendu de Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement populaire, a été de nouveau reporté au 26 octobre à la demande du collectif de sa défense. "Nous avons demandé le report car de nombreux avocats n'étaient pas présents en raison de leurs obligations professionnelles et aussi pour bien préparer le procès", a indiqué, à Liberté, Me Abdelghani Badi, un des membres du collectif. Il s'agit du cinquième report consécutif de ce procès dans lequel Karim Tabbou est poursuivi notamment en vertu des articles 74 et 79 du code pénal pour "atteinte au moral de l'armée" et "atteinte à l'intégrité du territoire national". Dans l'entourage de l'accusé, remis en liberté en juillet dernier après avoir passé neuf mois en prison dans une autre affaire (atteinte à l'unité nationale), on n'hésite pas à soutenir que le nouveau procès, au regard de la conjoncture, se décline comme un "événement politique" et que l'intéressé "mesure bien le poids de ce procès", qui est fixé, faut-il sans doute le souligner, à la veille de la tenue du référendum sur la nouvelle Constitution. "Il mesure bien le poids de la judiciarisation de son dossier qui prend les allures d'un chantage", soutient notre source. Arrêté devant sa maison à Douéra, sur les hauteurs d'Alger, le 11 septembre 2019, Karim Tabbou est placé le lendemain en détention sur ordonnance du juge d'instruction. Mais deux semaines plus tard, la chambre d'accusation de la Cour de Tipasa décide d'annuler cette ordonnance et le remet en liberté provisoire. Depuis, il attend d'être fixé sur son sort. Et malgré un long séjour en prison, Karim Tabbou semble plus que jamais déterminé à poursuivre son combat sur le double plan politique et judiciaire. "Je suis conscient que c'est un combat politique à mener, un combat judiciaire et je reste serein. Mais je reste intransigeant sur mes principes et mes convictions", dit-il, peu après le report. Karim Tabbou, dont la popularité est grandissante, comme en témoignent ces nombreux citoyens qui le sollicitaient hier à Koléa pour des photos souvenirs et qui lui exprimaient leur soutien, demeure formel : l'Algérie vit une crise politique et la solution est d'ordre politique. "Je persiste à considérer que la gestion sécuritaire du problème foncièrement politique est une erreur. Vouloir faire de la justice un moyen punitif est une bêtise", martèle-t-il.