Ces trente dernières années, l'Organisation semble avoir perdu de sa cohésion, parce que la politique et la géopolitique s'en sont mêlées. C'est avec la décolonisation et la volonté de nombreux pays que l'on appelait alors tiers-monde de rétablir leur autonomie dans bien des domaines, dont les ressources naturelles, qu'a germé l'idée de créer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Elle voit le jour le 14 septembre 1960, avec seulement cinq pays membres : le Venezuela, l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak et le Koweït. Au début des années 1970, l'Opep, une organisation encore naissante, est très remontée contre les majors pétrolières privées, s'insurgeant contre le prix du baril à 5 dollars, imposé par celles-ci. Lorsque la guerre entre pays arabes et Israël éclate en 1973, le baril du brut reprend des couleurs, passant de 3 à 12 dollars en quelques semaines. L'Opep, réunie au Koweït, annonce un embargo sur les livraisons de pétrole contre les Etats qui soutiennent Israël (Etats-Unis, Japon, Pays-Bas, Afrique du Sud), ainsi qu'une réduction de la production de 25%. C'était le premier choc pétrolier : les pays producteurs engrangent d'importants revenus, alors que les prix à la pompe augmentent de manière significative dans les pays consommateurs. À peine la crise de 1973 digérée, un second choc pétrolier se produit avec la révolution iranienne, en 1978. Cela provoque alors une tempête sur les marchés pétroliers. Au fil des années, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prend de l'importance sur l'échiquier mondial. Elle se pose en acteur de premier plan avec lequel il faut compter. L'Opep permet au baril de brut d'atteindre 40 dollars, au début des années quatre-vingt. Avec un dollar au mieux de sa forme à l'époque, le pétrole rapporte gros. Cependant, ces trente dernières années, l'Organisation semble avoir perdu de sa cohésion, parce que la politique et la géopolitique s'en sont mêlées. Elle n'arrive pas à avoir une prise forte sur les marchés. Du coup, la volatilité s'est emparée des prix. En est-elle seule responsable pour autant ? Que fera-t-elle, si la volatilité des cours se poursuit ? Ses responsables estiment que l'Opep ne peut pas, à elle seule, faire en sorte que les cours du pétrole continuent à évoluer dans des fourchettes stables qui arrangent tout le monde, pays consommateurs et pays producteurs. Aussi, elle en appelle à la responsabilité des pays non-Opep. Seulement, ces derniers ne sont pas enthousiastes à modifier sensiblement leurs quotas. Pour autant, ils ne sont pas soumis à des pressions des pays consommateurs comme l'est l'Opep. Mais avec la pandémie de coronavirus, les pays non-Opep semblent attentifs à la tonalité du discours exprimé par l'Opep qui insiste sur le fait que tout le monde en pâtira, si le marché s'effondre. L'Organisation noue d'ailleurs une alliance avec les pays qui lui sont extérieurs. Avec l'Opep+ (l'Opep et ses alliés, dont la Russie, le Mexique et le Kazakhstan), naît la volonté de réduire la production et de stimuler la demande.