Les dirigeants de l'UE devront passer au stade de sanctions économiques formelles contre la Turquie qui, elle, ne semble pas près d'abandonner ses recherches énergétiques en Méditerranée orientale. Les manœuvres turques en méditerranée orientale continuent d'alimenter les tensions entre Ankara qui ne veut rien céder sur la poursuite de ses recherches en hydrocarbure et une Europe extrêmement agacée devant les "multiples violations" turques du droit international. Après avoir agité en début de semaine le spectre des sanctions contre la Turquie, Bruxelles veut désormais punir formellement Ankara, avec l'exécution d'une batterie de sanctions économiques et militaires. L'UE va devoir prendre "des décisions difficiles" contre la Turquie, a annoncé hier le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Nos relations avec la Turquie sont à la croisée des chemins et le moment est venu pour nos dirigeants de prendre des décisions difficiles", lors de leur sommet les 24 et 25 septembre, a-t-il déclaré hier lors d'un débat au Parlement européen. "Mais il n'y a pas encore un accord pour des sanctions", a-t-il toutefois souligné. L'unanimité des 27 est requise pour adopter des sanctions contre un Etat tiers. Une gamme d'options très vaste incluant des sanctions économiques a été élaborée par les services de Josep Borrell pour frapper le régime de Recep Tayyip Erdogan et a été approuvée par les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors de leur réunion fin août à Berlin. "Le moment est venu de transformer l'accord politique en décision formelle", a jugé le chef de la diplomatie européenne. Les ministres se réuniront, lundi à Bruxelles, pour concrétiser cette décision, mais elle est rendue difficile par la volonté affichée des 27 de sanctionner également les violations commises au Bélarus par le régime du président Alexandre Loukachenko. "Nous souhaitons une solution qui permettra de sanctionner la Turquie et le Bélarus au même rythme", a expliqué Josep Borrell. Les grands groupes politiques du Parlement européen se sont prononcés hier à leur tour pour des sanctions contre la Turquie et plusieurs intervenants ont réclamé un embargo sur les ventes d'armes à ce pays. "Cette demande dépasse mes compétences et celles de l'UE", a répondu Josep Borrell. "Il s'agit d'une compétence nationale des Etats membres. En début de semaine, la tension était montée d'un cran entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue français, Emmanuel Macron. Erdogan a averti Macron de "ne pas chercher querelle à la Turquie", en référence aux sévères critiques émises par M. Macron envers Ankara dans le cadre du conflit entre la Turquie et la Grèce à propos de la prospection pétrolière en Méditerranée. Emmanuel Macron et ses six homologues du sud de l'UE ont exhorté jeudi la Turquie à cesser sa politique de "confrontation" en Méditerranée orientale et l'ont menacée de sanctions européennes.