Dans cet ouvrage paru aux éditions Koukou, l'auteur, docteur en psychologie clinique, a décortiqué le phénomène de la violence dans le pays ces dernières décennies. Combler un vide d'information et d'analyse sur des faits et des situations de violence qu'a connus l'Algérie ces dernières décennies, telle fut l'intention première du Dr Allaoua Bendif avec Violences algériennes, paru fin 2019 aux éditions Koukou. Le tome 2 de cet ouvrage ne devrait pas tarder à sortir pour compléter l'apport bibliographique en ce qui concerne le phénomène de la violence dans notre pays. Dans ce travail, l'auteur, docteur en psychologie clinique, universitaire et praticien, s'est intéressé à une question fondamentale : "Pourquoi la violence semble-t-elle devenue un mode relationnel quantitativement significatif au sein de la société algérienne en général et ce, principalement au regard du déchaînement paroxystique du terrorisme des années 1990 ?" Et de poursuivre : "Mais également depuis des années maintenant, en ce qui concerne les faits et les situations de violence criminelle, autour de la pratique sportive et essentiellement au niveau du football, dans le monde scolaire, dans le domaine de l'accidentologie routière, dans les rapports entre l'administration et les administrés, etc. ?" À ce propos, Allaoua Bendif estime qu'essayer de répondre à cette question importante en se référant aux modélisations théoriques psychologiques académiques et classiques peut présenter un certain confort, mais n'apportera pas grand-chose à la prise en charge réaliste de ce phénomène de la violence, qui pourrait devenir un véritable problème de société, sinon un problème de développement national. Il serait encore plus facile de verser dans les modèles folkloriques selon lesquels l'Algérien aurait le sang chaud, qu'il serait victime de son éducation phallocrate, etc. Accessoirement, cela servirait grandement (mais, in fine, dangereusement) "à donner bonne conscience à ceux qui nous gouvernent, si mal, depuis si longtemps, alors que le temps est au changement qualitatif car la gouvernance actuelle a largement montré ses limites" et que l'immobilisme national est devenu "aliénation du potentiel de développement de notre pays". L'auteur s'est donc attaché, à travers l'analyse de la violence terroriste barbare, la violence dans le sport (spécialement le plus populaire, le football, qu'il qualifie de produit populaire soutenu par l'Etat au même titre que les produits de première nécessité), à travers l'accidentologie routière, la violence criminelle, la violence de la bureaucratie, matrice de la corruption et de bien d'autres maux sociaux, à analyser la crédibilité des statistiques nationales et à tenter, malgré le déficit quantitatif et qualitatif chronique de ces dernières, d'en approcher la consistance réaliste. Selon l'auteur, la condition sine qua non pour essayer de dresser un tableau de bord national chiffré, qui soit à même de permettre de placer sous monitoring permanent les fonctionnements des institutions de la société et de l'Etat, est d'en repérer les dysfonctions à l'origine de ces violences du quotidien. Mais aussi des crises de violence et de brutalité cycliques qui mettent à mal le pays depuis la fin des années soixante-dix et dans lesquels beaucoup de "pays amis, qui nous veulent du bien, s'engouffrent, au-delà de toute retenue et de toute notion d'amitié et de bon voisinage, pour tâcher d'approfondir les fractures jusqu'à en faire des charges explosives, destinées à miner l'avenir de l'Algérie". Pour Allaoua Bendif, ces violences algériennes doivent d'autant plus être déchiffrées, analysées et prises en charge dans le fond et dans la forme, que leur effet déstabilisant se surajoute aux violences intrinsèques et extrinsèques, que l'environnement régional et international inflige au pays et dont il est difficile, en l'état actuel des choses, de se désincarcérer.