Le conseil national estime que la politique qui consiste à reclientéliser des acteurs du passé et à recruter de nouveaux clients est vouée à l'échec. L'interdiction du conseil national du RCD et la demande de levée de l'immunité parlementaire de son président, Mohcine Belabbas, introduite par le ministère de la Justice auprès du Parlement vise-t-elle la neutralisation du parti ? C'est en tout ce qu'appréhendent les membres du conseil national qui considèrent que cette opération traduit la "stratégie du pire" adoptée par le pouvoir et dont l'objectif procède d'une reconfiguration projetée du champ politique national. "Le conseil national estime que la politique qui consiste à reclientéliser des acteurs du passé et à recruter de nouveaux clients issus des mêmes matrices et marginalisés à la fin du règne de Bouteflika est vouée à l'échec. Elle porte les germes de l'aggravation de la corruption. La répression et l'instauration d'un état d'urgence contre toutes les libertés sont le signe que cette politique ne peut être menée sans l'instrumentalisation des services de sécurité et de la justice pour faire taire toute voix discordante en semant la peur et la terreur", écrit le RCD dans la résolution politique qui a sanctionné les travaux de son conseil national tenu vendredi au siège du parti après l'interdiction qui lui a été opposée par la wilaya d'Alger de le tenir à l'hôtel Riadh (Sidi Fredj). Alors que la wilaya a justifié l'interdiction par le non-respect des règles du protocole sanitaire, le RCD y a vu une "cabale politique" le visant d'autant qu'un autre parti, TAJ en l'occurrence, a été autorisé à se réunir au même endroit. "L'interdiction du conseil national du RCD et la demande de levée de l'immunité parlementaire de son président sont l'illustration parfaite de cette stratégie du pire. Il s'agit dans cette opération de neutraliser le RCD pour ouvrir la voie à une hypothétique reconfiguration autoritaire de la scène nationale", estime le RCD. Au sein du parti, le constat est unanime : "L'impasse politique de la façade civile imposée par les tenants du système peut ouvrir la voie à tous les graves dérapages". "En effet, quand une équipe gouvernementale ne mesure pas la portée d'endosser l'interdiction d'une réunion d'un parti légal dont les militants siègent au Parlement et dirigent de nombreuses assemblées élues, les interrogations sont légitimes." Rappelant que l'insurrection citoyenne pacifique de février 2019 "n'est pas une demande de réformes", mais "met au centre l'accomplissement de la révolution démocratique avec une charge sociale et de justice qui font écho au contenu de la révolution libératrice de Novembre et de la Soummam", le RCD réitère que "seul un processus constituant conduit par le biais d'instances issues d'un large consensus est à même de jeter les bases de la construction de l'Etat démocratique revendiqué et tant espéré". "L'avènement d'un tel consensus ou compromis démocratique suppose, au préalable, l'exercice effectif de toutes les libertés individuelles et collectives dont le droit de réunion, de rassemblement et de manifestions", souligne le texte. Face à ces développements, le RCD qui a été destinataire de nombreuses marques de solidarité, a décidé de laisser la session du conseil ouverte. Il "appelle à l'unité et à la mobilisation dans l'action pacifique pour ouvrir la voie à la reprise du Hirak dans la perspective de la construction du rapport de force en faveur de la transition démocratique", conclut le communiqué.