Le conflit du Haut-Karabakh, l'un des plus anciens de l'Europe post-soviétique, menace de virer à une nouvelle guerre. Vingt-sept soldats séparatistes de cette région caucasienne ont été tués hier dans les combats avec l'Azerbaïdjan, a annoncé le ministère de la Défense de cette province soutenue par l'Arménie. Samedi et dimanche, vingt-quatre personnes sont mortes et plus d'une centaine ont été blessées dans cette région à majorité arménienne située entre la Turquie et la Russie. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a dénoncé une "agression" qu'il s'est engagé à "vaincre". Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, l'a accusé d'avoir "déclaré la guerre à notre peuple". Sur le terrain, les deux camps échangent, depuis samedi, des tirs d'artillerie. L'Azerbaïdjan a aussi procédé à des bombardements aériens. Hier, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé à la fin de "l'occupation" arménienne du Nagorny Karabakh pour faire cesser les combats meurtriers qui y opposent séparatistes soutenus par l'Arménie et forces azerbaïdjanaises. L'immixtion de la Turquie risque d'aggraver un peu plus la situation. "Le temps est venu pour que cette crise qui a commencé avec l'occupation du Nagorny Karabakh prenne fin. Aussitôt que l'Arménie aura quitté le territoire qu'elle occupe, la région retrouvera la paix et l'harmonie", a déclaré dans un discours M. Erdogan, dont le pays est le principal soutien de l'Azerbaïdjan dans ce conflit. "Toute autre demande ou proposition non seulement serait injuste et illégale, mais reviendrait à continuer à gâter l'Arménie", a-t-il ajouté. La Turquie considère que l'Arménie "occupe" le Nagorny Karabakh par le biais des séparatistes hostiles à Bakou, qui y ont autoproclamé une république en 1991 à la chute de l'Union soviétique. "La Turquie continuera à se tenir aux côtés du pays frère et ami qu'est l'Azerbaïdjan de tout son cœur et par tous les moyens", a poursuivi le président turc, réitérant le soutien ferme apporté par son pays à Bakou dès le début de cette crise. L'Arménie, de son côté, a saisi hier d'urgence la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour demander des mesures provisoires à l'encontre de l'Azerbaïdjan, au moment où les combats se poursuivent encore dans cette région. "La Cour a reçu ce matin (hier, ndlr) une demande de mesures provisoires de l'Arménie ; elle est en cours d'examen", a déclaré une porte-parole de la CEDH, sans plus de détails sur les mesures demandées. La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l'Europe qui siège à Strasbourg, a été saisie au titre de l'article 39 de son règlement qui lui permet de prendre des mesures d'urgence lorsqu'il y a un risque imminent de dommage irréparable. Une guerre ouverte entre les deux pays laisse craindre une déstabilisation grave de la région, en particulier si la Turquie et la Russie, qui ont des intérêts divergents dans le Caucase du Sud, interviennent directement dans le conflit.