Les avocats d'Alger boycotteront, jusqu'à nouvel ordre, le président de la 5e chambre correctionnelle et celui de la première chambre pénale près la Cour d‘Alger, ainsi que les assesseurs. Les membres du bureau du Conseil de l'ordre des avocats d'Alger se sont réunis, jeudi, avec le président de la Cour d'Alger, le procureur général et les chefs des juridictions. À l'issue de ce conclave, qui a duré quelques heures, le barreau a décidé de ne pas reconduire automatiquement la grève d'une semaine. Les robes noires retourneront dans les salles d'audience, à partir de demain dimanche 4 octobre, avec option de reprendre éventuellement le chemin de la protesta, dans quinze jours, si les autorités judiciaires ne prennent pas en charge leurs préoccupations. Dans le communiqué rendu public dans la soirée de jeudi, le bureau du Conseil exhorte "le président de la Cour et le procureur général à accéder aux requêtes des collectifs de défense, dans les salles d'audience, au niveau du greffe, des services de présentation, des chambres d'accusation...". Les avis sont plutôt mitigés sur l'orientation donnée au mouvement de protestation. Pour nombre d'avocats, il ne convient, certes, pas de s'abstenir indéfiniment de plaider dans les affaires de leurs mandants. Pour d'autres, le barreau, qui a manifesté jusqu'alors une volonté inébranlable à ne pas transiger sur ses revendications, adoucit le ton sans obtenir forcément gain de cause. Ils lui reprochent particulièrement d'avoir circonscrit le conflit à deux magistrats, alors que les violations des droits de la défense et, par là même, des justiciables deviennent presque une règle. Le Conseil de l'ordre des avocats d'Alger a, en effet, annoncé qu'il continuerait à refuser de plaider devant Hamzaoui Mohamed-Sebaâ, président de la 5e chambre correctionnelle près la Cour d'Alger. Ce magistrat est boycotté par la défense depuis le jour du procès en appel de Karim Tabbou le 24 mars dernier, qu'il a condamné, en son absence, et à deux jours de sa libération, après avoir purgé la peine infligée en première instance, à une année de prison ferme. Désormais, les avocats réserveront le même sort au président de la première chambre pénale de la Cour d'appel, Abdelaziz Ayad, et à ses deux assesseurs Lynda Mahmoudi et Amine Brahimi "quelle que soit la juridiction dans laquelle ils officient". Le juge de siège susmentionné est à l'origine de la colère des plaideurs à la suite d'un incident d'audience survenu lors du procès en appel de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, le jeudi 24 septembre (il avait menacé d'évacuer le bâtonnier d'Alger Me Sellini de la salle par la force publique). Il est demandé, en outre, aux avocats d'introduire systématiquement des demandes de remise en rôle des affaires, mise en délibéré pendant la semaine de grève.