Pays voisin du Mali, l'Algérie a joué et continue de jouer un rôle de premier plan dans la recherche d'une solution durable à la crise politique et sécuritaire à Bamako, où l'analyste politique malien, Hamdi Djouara, estime qu'il "fallait écouter la voix de l'Algérie", dans une déclaration à l'agence de presse APS. "Le peuple malien est conscient de l'importance du rôle de l'Algérie dans la résolution de la crise. Il fallait écouter la voix de l'Algérie, soucieuse d'aboutir à un règlement de la crise, partant du grand intérêt qu'elle accorde à la question, notamment avec la visite, à deux reprises à Bamako, du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum", a déclaré M. Djouara à l'APS. "Le rôle de l'Algérie dans le règlement de la crise malienne était grandement positif et continuera certainement à l'être", a-t-il ajouté. "L'instabilité au Mali impliquerait l'instabilité de la région qui ne tolère pas encore plus de chaos, et cela nécessite l'accélération du rétablissement des activités des institutions démocratiques au Mali", a-t-il averti, saluant au passage "l'appel persistant de l'Algérie au retour au processus constitutionnel au Mali et son engagement constant à l'accompagnement de ce pays voisin jusqu'au rétablissement de la stabilité". Le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), qui réunit les auteurs du putsch du 18 août dernier contre l'ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, s'est engagé à remettre le pouvoir aux civils dans les meilleurs délais, après avoir vainement négocié une transition de trois ans, unanimement rejetée par les Maliens et la communauté internationale. Si un président de transition a été désigné, en la personne de Bah Ndaw, assisté de Mokhtar Ouane en tant que chef du gouvernement de transition, le CNSP n'a pas lâché totalement les commandes, puisque son président, le colonel Assimi Goïta, est placé dans la hiérarchie des autorités de transition au poste de vice-président, maintenant l'armée malienne dans le jeu politique. Mais sans l'appui des pays voisins, dont l'Algérie, ce processus de transition risque de perdurer. C'est la raison pour laquelle Alger a dépêché son chef de la diplomatie, Sabri Boukadoum, à Bamako et à deux reprises depuis le putsch du 18 août pour à la fois soutenir le processus du retour à l'ordre institutionnel et la sauvegarde de l'Accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger. Car, une remise en cause de cet accord, signé en mai-juin 2015, après deux ans de négociations avec l'ex-rébellion targuie, aurait provoqué le pire au Mali et entraîné l'ensemble de la sous-région dans l'incertitude. Certes, le CNSP s'est engagé à respecter les accords conclus par le Mali avec ses partenaires locaux, régionaux et internationaux, dont celui de la sauvegarde de l'accord d'Alger et sa mise en œuvre. Mais rien ne pouvait garantir cela, en l'absence d'un réel engagement de ce même CNSP à remettre le pouvoir aux civils rapidement, tant les divisions minant ce pays du Sahel sont nombreuses et complexes. C'est ce qui explique, entre autres, l'importance accordée par Alger à la crise malienne et son action de mobilisation de l'ensemble des acteurs impliqués, de près ou de loin, dans le processus de transition en cours à Bamako.