Résumé : Nedjma est bien triste en rentrant au pays. La situation ne lui laissait pas le choix. Rédha avait besoin d'assumer son mariage et de se remettre au travail. À peine elle est partie que Fadhéla manque de se fâcher avec lui. Le colocataire reviendra le jour même. Elle ne supporte pas d'avoir à vivre avec un étranger... Ce soir-là, après le dîner, elle va à leur chambre pour ne pas voir Saïd qui arrivait avec son sac à dos. Mais la cloison qui sépare le salon et la chambre est mince et leur échange lui parvient. Heureux et excité comme un enfant, il s'affale dans un fauteuil et pose les pieds sur la table basse. Il soupire d'aise. - Enfin à la maison ! Je n'en pouvais plus, Rédha. Y a pas mieux que d'être chez soi. J'ai vécu l'enfer. - Mon pauvre, ironise Rédha. Tu aimes te plaindre. Enlève tes chaussures de là. Tu ne vois pas que c'est propre ? Saïd regarde autour et hausse les sourcils, hochant la tête plusieurs fois. - C'est vrai que c'est propre et bien rangé. Comme dans les revues de déco, constate-t-il. Mais avec moi, cela va changer, dit-il en retirant ses chaussures puis ses chaussettes qu'il balance en arrière. Je suis chez moi et je fais ce que je veux. - Mon pauvre, faudra que tu changes tes habitudes. Ma femme n'est pas obligée de ramasser tes chaussettes et de faire le ménage derrière toi. Tes chaussettes, tu sais où les mettre. Quant à tes boissons, tu ne les prendras plus ici, au salon. - Mais c'est quoi ton problème ? Elle est à peine arrivée "qu'on" doit changer. Ma parole, tu veux tout faire à sa place ? rétorque Saïd. Elle va se rouler les pouces. - Elle ne sera la bonne de personne. On respecte l'ordre et la propreté, insiste Rédha. C'est ma femme, lui rappelle-t-il. Respect, O. K. ? - Tu ne penses tout de même pas que je vais lui en manquer ? Je suis ton frère, ton ami... ton colocataire aussi, précise Saïd. Je serai toujours dans les parages. Ou... je suis de trop, maintenant ? Je viens à peine de rentrer. Doucement, mon frère, je te promets de faire des efforts. Dis, au début, il n'était pas question qu'elle reste. - Changement de programme. C'est ma femme. Je dois assumer mes responsabilités. Figure-toi que j'ai commencé à chercher à louer ailleurs. Je vais aussi accepter le premier boulot qu'on me proposera. Je n'ai que trop traîné. Ma mère m'a ouvert les yeux. - Ta mère ? Ah ! Parlons-en de ta mère. Si elle n'était pas venue, tu n'y penserais même pas. Rédha le stoppe d'un geste de la main. - Laisse ma mère en dehors de cela. Si chacun y met du sien, tout se passera bien et on continuera de vivre sous le même toit, en attendant... Sinon on emménagera ailleurs. - On s'est engagé pour une année, lui rappelle Saïd. Tu ne partiras pas avant. Tu n'étais pas bien avec moi ? - Si ! Calme-toi. On en reparle à tête reposée. Je vais me coucher. Bonne nuit. - Déjà ? Rédha ne répond pas. Il rejoint Fadhéla qui s'est éloignée de la porte. Il la trouve en train de regarder par la fenêtre, les yeux larmoyants, le visage fermé. - C'est si triste, sans ta mère, dit-elle. Elle me manque, tout comme ma famille. - Pourquoi tu ne t'es pas connectée ? Peut-être qu'ils sont en ligne. - Je ne crois pas. Je les appellerai demain. Je ne veux pas qu'ils me voient triste ou qu'ils le sentent à ma voix. - Fadhéla, depuis le début, tu savais que tu vivrais à l'étranger, lui rappelle-t-il en lui essuyant une larme. Ou bien tu le regrettes ? Je ne te suffis pas ? Elle sourit à travers ses larmes malgré la douleur qui étreint son cœur. - Malgré toutes mes peurs et mes incertitudes, ne doute jamais de mon amour. Je n'étais pas préparée à vivre ici, si rapidement. Toi-même, tu n'étais pas préparé à me recevoir. J'ai tout entendu, ajoute-t-elle. Saïd n'est pas plus emballé que moi. Je vais gâcher votre amitié...
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