Pour la première fois depuis l'incarcération d'Abdellah Benaoum, le parquet général (PG) de la cour de Relizane vient de répondre aux accusations de non-assistance à personne en danger que le collectif de défense du détenu politique a proférées en réaction aux rejets répétés des demandes de liberté provisoire introduites pour permettre à Benaoum de se faire opérer. Dans un communiqué rendu public avant-hier, le parquet de la cour de Relizane a assuré qu'Abdellah Benaoum qui fait l'objet d'un suivi médical continu depuis son transfert à la prison d'Oran le 30 juin dernier, avait refusé "par six fois" d'être évacué au service de cardiologie du CHU d'Oran, préférant être transféré à Alger où se trouve le Dr Salim Benkhedda, son médecin traitant. Le PG, qui semble ne pas comprendre l'entêtement du détenu à se faire soigner à Alger "malgré les moyens de l'hôpital universitaire d'Oran", a également accusé Abdellah Benaoum d'avoir "pris prétexte de son mauvais état de santé" pour ne pas recevoir en visite son avocat et, ensuite, les membres de sa famille les 1er et 2 octobre derniers. "Le 3 octobre, le médecin et le psychiatre de l'établissement certifient que l'état de santé (du détenu) est stable (...) Il est à l'infirmerie de l'établissement pénitentiaire et fait l'objet d'un suivi continu", poursuit le communiqué. Cette sortie du parquet de Relizane n'a pas manqué de faire réagir le collectif des avocats de l'activiste qui a rendu public, hier, un communiqué à travers lequel il rejette la balle dans le camp du parquet et fait porter à l'administration pénitentiaire et au ministère de la Justice la responsabilité de la dégradation de la santé de Benaoum. Dans son texte, le collectif rappelle, dates à l'appui, l'ensemble des démarches entreprises — "depuis le mois d'avril, début de la détérioration de la santé" du détenu — pour obtenir la liberté provisoire afin que Benaoum puisse subir une opération chirurgicale. "Toutes les requêtes ont été rejetées, y compris une demande de libération pour une opération dans une clinique privée qu'Abdellah Benaoum était prêt à financer lui-même", assurent les rédacteurs du communiqué en rétorquant, en réponse aux accusations adressées par le PG au détenu, qu'aucun "être sensé ne peut refuser d'être soigné". Pour la défense de Benaoum, il est question de rapports de confiance que le détenu entretient avec Salim Benkhedda. "(...) Le malade a le droit de choisir son médecin, compte tenu particulièrement de la complexité de l'intervention chirurgicale et du danger qu'elle représente (...)", explique encore le collectif en appelant au respect du choix médical de son client. Les avocats de la défense terminent en faisant porter l'entière responsabilité de ce qui pourrait advenir à Abdellah Benaoum à la cour de Relizane, à la Direction générale de l'administration pénitentiaire et au ministère de la Justice. Abdellah Benaoum qui souffre de sérieux troubles cardiaques pour lesquels il a déjà subi une intervention, doit répondre le 18 novembre prochain de plusieurs chefs d'accusation, dont atteinte au moral de l'armée. S. Ould Ali