À chaque fois que les pouvoirs publics instaurent de nouvelles mesures, de sérieuses perturbations sont signalées sur le marché national du médicament. C'est la situation qui prévaut actuellement dans le secteur du médicament à la suite de la récente décision exigeant la délivrance par le ministère de l'Industrie pharmaceutique d'une attestation de régulation à inclure dans le dossier de domiciliation bancaire pour toutes les opérations d'importation des produits pharmaceutiques, de matières premières et des équipements médicaux. L'on dénombre, en ce moment, pas moins de 257 produits pharmaceutiques en rupture de stock ou sous tension. Toutes les spécialités et autres catégories, ceux qui sont fabriqués localement ou importés ne sont pas épargnés. Collyres, corticoïdes et antibiotiques injectables, certains antiasthmatiques, bandelettes réactives et appareils pour mesurer la glycémie, hormones tel le Lévothyrox, le Lovenox (antithrombotique) pour fluidifier le sang, pilules contraceptives... autant de produits introuvables depuis plusieurs jours dans les officines. "Ces spécialités et ces chiffres sont réels. Le comble, c'est qu'il n'existe même pas de possibilités de substitution. Les médecins et les pharmaciens trouvent d'énormes difficultés pour remplacer ces médicaments par d'autres", déplore le Dr Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo). La substitution est d'autant plus contraignante car il n'est pas aisé pour un malade chronique de changer de traitement auquel il est habitué depuis des années. Cela nécessite, en effet, un changement dans les dosages, une période d'adaptation pour rééquilibrer et stabiliser la glycémie ou la tension par exemple chez un malade... Pour qu'il puisse obtenir le fameux sésame, l'importateur est tenu de fournir un dossier constitué de 6 pièces qui devraient être examinées au préalable par une commission installée au sein du ministère de tutelle. Ce qui requiert en toute évidence, un temps. Un autre maillon — un de trop — vient, de ce fait, allonger la chaîne de fabrication et/ou de l'offre du médicament en Algérie. Un délai supplémentaire vient ainsi se greffer dans l'opération d'approvisionnement du marché en produits pharmaceutiques au grand désavantage des malades. Ce manque des 257 médicaments sur le marché coïncide, par ailleurs, avec la fin de l'exercice, caractérisée souvent par une rupture des stocks. Messaoud Belambri évoque également les avenants (programmes complémentaires) d'importation devant être signés entre juin, juillet et août, mais qui ont connu des retards et une confusion totale. Les transferts d'attributions, de prérogatives de l'agence, voire de pouvoirs liés au secteur du ministère de la Santé et à celui de l'Industrie pharmaceutique, n'ont également fait qu'accentuer ce vaste chamboulement.