Il est devenu problématique et parfois dangereux pour le piéton de se déplacer dans les rues de Saïda. En effet, elle sont infréquentables la nuit et impraticables le jour. Pour rentrer vite chez soi, afin d'éviter les agressions verbales et parfois physiques venant de soûlards itinérants ou de quelque jeune plombé aux neuroleptiques, de jour, c'est à petits pas qu'il faut y aller à cause… des trottoirs. Ceux-ci vous poussent inexorablement vers la chaussée et là, sévissent les fous du volant et de la “mobylette”. Les trottoirs de Saïda ne ressemblent pas au caractère des enfants de cette ville. Si la générosité est le propre de ceux-ci, les trottoirs ne sont pas accueillants. Larges et plantés de mûriers pour certains, étroits jusqu'à leur portion congrue et plantés de pylônes électriques pour d'autres, ils sont tous squattés par les extension exagérées des échoppes du commerce régulier et des marchands ambulants qui s'y installent. Par ailleurs, pendant que le piéton progresse sur les trottoirs de Saïda, pour ainsi dire, la tête dans les feuillages des arbres plantés, l'attention est requise à même le sol : s'il y a danger pour les yeux — et pour vos coiffures mesdames — c'est au sol que le danger est permanent. Au dernier dallage, les trottoirs ont été surélevés. Tant et si bien qu'ils dépassent des seuils des portails et des déversoirs des gouttières. Pour concilier l'extraordinaire et les normes, le maître de l'œuvre a dû aménager de brusques et profondes incurvations devant les entrées d'immeubles et des canaux en “U” secs pour les eaux des gouttières. Parfois, ce sont des escaliers inattendus qui vous surprennent comme autant de pièges pour les pieds et le sens de l'équilibre. Les trottoirs ont été surélevés et ainsi arrangés pour être mis au niveau de la chaussée, car celle-ci a elle-même été surélevée par suite de poses successives d'enrobé bitumineux (tapis de goudron) sans grattage préalable des couches précédentes. K. AMINE