Des amoureux de l'Algérie, des défenseurs de notre patrie, des journalistes sont privés de leur liberté. 27 ans nous séparent de ce fameux jeudi 14 octobre. À la veille de ton assassinat, tu étais le soir dans notre chambre ; Farah sur tes genoux, tu nous as parlé de l'importance de nos études, de l'Algérie et de l'intégrité. Depuis, maman a veillé à ce que ces trois souhaits soient notre héritage. Tous les jours, nous nous efforçons à vous rendre fiers, maman et toi. Mais aujourd'hui, nous sommes perdues, désemparées, en colère et tristes de constater que ta mort n'aura servi à rien. Je ne reconnais plus mon pays, j'ai mal pour notre génération, j'ai peur pour mes enfants. Aujourd'hui, mon ami, mon frère, le journaliste Khaled Drareni, passe son 200e jour en prison. Khaled a été le seul journaliste à te rendre hommage chaque 14 octobre sur ses médias. Cette année, il ne le pourra pas. Salima, Farah, moi, Khaled et toute notre génération post-terrorisme portons l'Algérie en nous, comme une mère porte son enfant dans son ventre. Nous la voulons, belle, épanouie et libre. Papa, lorsque nous vivions à l'étranger, tu voulais absolument rentrer au pays, tu disais que l'Algérie avait encore une fois besoin de toi. Lorsque je conseillais à Khaled de partir à l'étranger pour mieux exercer son métier, il disait qu'il n'avait qu'un pays, qu'une patrie.Tu as fini au cimetière d'El-Alia et Khaled à la prison de Koléa. Tu nous manques papa, aujourd'hui plus que jamais.