Cette année, la grippe saisonnière est particulièrement redoutée par les médecins, car elle peut aggraver considérablement le tableau clinique d'un patient Covid. L'Algérie ne devrait pas échapper à la seconde vague de contaminations par le coronavirus. Les indicateurs épidémiologiques sont au rouge et les autorités sanitaires en alerte maximale. Les directeurs des structures hospitalières ont reçu, il y a deux jours, une note de la tutelle les instruisant de réserver la moitié des lits d'hospitalisation aux formes sévères des infections à la Covid-19. Des CHU et des EPH de la capitale ont déjà commencé à vider les services spécialisés pour les réaffecter aux patients Covid. La situation risque de s'exacerber, selon de nombreux praticiens, à l'amorce de la saison de la grippe ordinaire, pour plusieurs raisons. En temps normal, le syndrome grippal affecte des millions d'Algériens sans soulever de grandes inquiétudes, même si les complications liées à une contamination au H1N1 conduisent parfois au décès des patients. Cette année, la grippe saisonnière est particulièrement redoutée par les médecins, car elle peut aggraver considérablement le tableau clinique d'un patient Covid. Par ailleurs les similitudes entre sa symptomatologie et celle du coronavirus sont si étroites qu'il est très difficile, de l'avis des spécialistes, de distinguer entre les deux affections sans recourir systématiquement aux tests sérologiques ou biologiques (PCR ou tests antigéniques). Mis à cran par la prise en charge d'une épidémie qui dure depuis plus de huit mois, le système de santé algérien aura probablement du mal à élargir le dépistage à toutes les personnes souffrant de maux de tête, de fièvre, de toux... et de troubles respiratoires. Il lui sera plus laborieux de gérer la situation s'il est confronté à un nombre important de double infection au virus de la grippe saisonnière et Covid-19. Le retour à un confinement strict constituerait-il une prévention contre une potentielle deuxième vague plus massive et plus meurtrière ? Pas si sûr. Une nouvelle période de claustration à domicile éprouverait plus durement le pays aux plans économique et social. Les entreprises sont au bord de l'asphyxie financière. Les commerces n'ont pas encore transcendé les contrecoups d'une fermeture forcée de plusieurs mois. Les écoles privées et les professions libérales ne parviennent pas encore à compenser les pertes sèches. Les ménages subissent une érosion drastique de leur pouvoir d'achat, sans garantie d'échapper, à court ou moyen terme, à une perte totale de revenus. Au spectre de l'effondrement économique, à grande et petite échelle, se greffent des tensions sociales perceptibles par une recrudescence des actes de banditisme et des agressions physiques. Pourtant, la population semble peu soucieuse du drame qui se prépare. Les mesures barrières (distanciation sociale et port de la bavette) sont peu ou pas du tout observées dans les lieux publics. Les mariages sont célébrés dans des résidences privées avec nombre d'invités. Les compétitions sportives drainent joueurs et spectateurs dans les stades de quartiers. Les cafés et les restaurants sont assidûment fréquentés. Les meetings de la campagne référendaire réunissent des dizaines de citoyens dans des salles fermées, sans respect des gestes de prévention...