Le procès d'Abdellah Benaoum, de Yacine Khaldi, de Yacine Bounoua et de Larbi Menad, qui devait se tenir le 27 octobre dernier au tribunal criminel de Relizane, a été reporté au 19 novembre, en raison de l'absence du premier accusé, évacué quelques jours plus tôt à l'hôpital Mustapha-Pacha pour y subir une intervention chirurgicale. L'activiste politique, qui se trouvait en détention à l'infirmerie de la prison d'Oran, réclamait ce transfert depuis plusieurs mois et l'urgence de l'acte chirurgical avait été soulignée par des médecins qui avaient constaté que les vaisseaux de son cœur étaient obstrués. Les avocats de la défense avaient introduit plusieurs demandes de liberté provisoire pour raison de santé en faveur de leur client, mais le parquet de Relizane les avaient systématiquement rejetées. Le 16 juillet dernier, à l'occasion d'un procès, le collectif de défense de Benaoum s'était violemment insurgé contre un nouveau rejet de liberté provisoire en faveur de Benaoum, alors qu'un médecin venait de déclarer que l'activiste, inapte à être jugé, devait être opéré dans les plus brefs délais. "Refuser d'accorder la liberté provisoire à un citoyen et militant, arbitrairement incarcéré, alors que même son procès a été renvoyé à la prochaine session, après avoir constaté la détérioration de sa santé, est un double crime contre l'humanité", avaient estimé les avocats dans un écrit rendu public sur les réseaux sociaux. Ce mois d'octobre, Abdellah Benaoum avait décidé de protester officiellement contre le refus des autorités de le transférer à Alger pour être pris en charge par son médecin traitant, le Dr Salim Benkhedda, et de recevoir ses visiteurs, notamment ses avocats et les membres de sa famille. Ce qui a contraint le parquet de Relizane à réagir et, pour la première fois, à démentir publiquement les accusations de non-assistance à personne danger portées par la défense et les militants et défenseurs des droits de l'Homme. L'instance judiciaire a affirmé qu'Abdellah Benaoum, qui faisait l'objet d'un "suivi médical continu depuis son transfert à la prison d'Oran le 30 juin dernier", avait plusieurs fois refusé d'être évacué au service de cardiologie du CHU d'Oran. Elle a également accusé le détenu politique d'avoir "pris prétexte de son mauvais état de santé" pour ne pas recevoir de visites, alors que "le médecin et le psychiatre de l'établissement certifient que l'état de santé du détenu est stable (...)". Le collectif des avocats de l'activiste a immédiatement répliqué en faisant porter à l'administration pénitentiaire et au ministère de la Justice la responsabilité de la dégradation de la santé de Benaoum. "Toutes les requêtes (demandes de liberté provisoire, ndlr) ont été rejetées, y compris une demande de libération pour une opération dans une clinique privée qu'Abdellah Benaoum était prêt à financer lui-même", ont-ils écrit dans un communiqué. En détention préventive depuis décembre 2019, Abdellah Benaoum et ses compagnons doivent répondre de plusieurs chefs d'accusation dont l'"atteinte au moral de l'armée".