Malgré une sérieuse recrudescence des cas de contamination à la Covid-19 et les avertissements contre une deuxième vague qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la santé publique, les Oranais n'observent plus les mesures de prévention édictées par les autorités sanitaires pour casser la chaîne de transmission du virus. Le port de la bavette se raréfie et les gestes barrières tendent à disparaître dans la majorité des lieux publics, tels les cafés où les consommateurs ont renoué avec la proximité ou le contact physique. "Cette situation s'explique par l'inconscience ou par la conviction que le coronavirus n'existe pas. Mais aussi par un manque de rigueur dans la gestion de la pandémie", relève un enseignant de lycée, qui rappelle les images de meetings de certains partis politiques diffusées par les médias sur lesquelles il est aisé de voir que les militants n'ont pas respecté la distanciation. Ou encore la commémoration du 1er Novembre sur la place d'Armes d'Oran au cours de laquelle les participants se tenaient debout épaule contre épaule. "Lorsque le citoyen ordinaire constate que les mesures de sécurité ne sont pas respectées par les officiels, il est en droit de se poser des questions", continue notre interlocuteur qui, lui, continue de porter le masque de protection et d'imposer aux siens le respect des mesures de prévention. Cette baisse de vigilance – intervenue avec la réouverture des lieux publics et les annonces rassurantes du recul des contaminations – est naturellement observée dans les transports collectifs dont les chauffeurs et les receveurs ne portent généralement par la bavette, de même que les usagers qui n'hésitent plus à se coudoyer par manque d'espace. La même situation est constatée à l'intérieur d'établissements officiels, comme les tribunaux qui interdisent l'accès aux citoyens qui ne sont pas munis de la bavette mais tolèrent que le masque soit enlevé à l'intérieur et que les justiciables se serrent dans les travées des salles d'audience. "Les Algériens doivent réaliser que le coronavirus est une réalité et que les mesures de protection doivent être prises au sérieux", admoneste un médecin, qui rappelle que des milliers de personnes ont succombé au virus et que le monde n'en a pas encore fini avec la pandémie. Alors que les spécialistes de la santé tirent la sonnette d'alarme sur l'éventualité d'une nouvelle vague et qu'un reconfinement n'est pas écarté par les autorités, la majorité des Oranais continuent de regarder le virus avec désinvolture et beaucoup de scepticisme.