Les fermetures de routes dans la wilaya de Béjaïa sont devenues récurrentes. En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu'un axe routier soit fermé par des manifestants. Dans la journée d'hier, c'est la RN43, reliant la wilaya de Béjaïa à celle de Jijel, qui était fermée à Melbou par des manifestants en colère. Les citoyens protestataires qui ont bloqué à la circulation cet important axe routier au chef-lieu communal dénoncent, selon des sources locales, "les nouvelles attributions foncières octroyées aux investisseurs dans le cadre du Calpiref", tout en réclamant "une commission d'enquête sur ces attributions à un dinar symbolique". "Il y a au total 14 attributions foncières dans le cadre du Calpiref pour la construction de nouvelles infrastructures hôtelières. Il y a beaucoup d'irrégularités dans ces attributions. Nous sommes prêts à fournir des preuves à toute éventuelle commission d'enquête", déclarent en substance certains manifestants sur les ondes de la radio Soummam. Et de s'interroger : "Pourquoi ce genre d'attribution ici à Melbou et dans ce même cadre, alors qu'elles ont été annulées dans toutes les communes de la côte est de Béjaïa (Souk-El-Tenine, Aokas et Tichy) ?" Pour le maire de Melbou, Yazid Benkhelfoune, cette affaire le dépasse. "Je suis devant le fait accompli. Je ne peux rien faire. Les investisseurs ont tous des arrêtés de concession. Six investisseurs sur les quatorze concernés ont déjà entamé des travaux. Ils ont des permis de construire signés par le wali et ont bénéficié de crédits bancaires. Donc, je ne peux leur ordonner d'arrêter les travaux", explique, de prime abord, l'édile communal de Melbou. Avant de préciser qu'"il y a six investisseurs qui ont bénéficié d'assiettes foncières dans la Zone d'activité touristique (ZAT), alors que le reste les ont eues en dehors". Estimant que la ZAT est la mieux indiquée pour l'investissement touristique du fait qu'elle a toutes les commodités nécessaires, le maire de Melbou affirme que les autres projets prévus en dehors de cette zone buteront certainement sur des problèmes de viabilisation. "J'aurais aimé que ce foncier en dehors de la ZAT soit préservé au profit de la commune pour la réalisation de nouveaux équipements d'utilité publique. On aurait dû penser à l'avenir de cette région", regrette M. Benkhelfoune, avant d'ajouter : "Melbou n'a pas besoin de 14 hôtels. Il faut diversifier l'investissement." "Certes, je représente à la fois la population et l'administration, mais dans cette affaire, c'est au wali d'intervenir pour trouver la solution. D'ailleurs, les manifestants réclament la venue du premier responsable de cette wilaya", lâche le P/APC. Il faut dire que la fermeture de cette voie de communication à grand trafic routier n'est pas sans conséquence sur les nombreux usagers qui sont souvent pris au dépourvu et se retrouvent ainsi coincés dans des embouteillages monstres engendrés par ces blocages de routes. L. OUBIRA