À l'annonce des résultats du référendum du 1er novembre massivement boycotté par les Algériens, les partis opposés au processus référendaire tirent les premiers enseignements de ce rendez-vous politique manqué et convient les décideurs à revoir leur copie en tenant compte enfin du message envoyé par les Algériens en ce 1er novembre. Ainsi, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a été le premier à se manifester, hier, à travers un communiqué pour préciser : "Le taux de participation annoncé, bien que largement gonflé, pour le référendum du 1er novembre, constitue en lui-même un désaveu populaire de la démarche de légitimation a posteriori du hold-up électoral opéré le 12 décembre 2019." Le document en question poursuit : "Y a-t-il meilleure leçon de maturité politique et de responsabilité que cette fin de non-recevoir pacifique et cinglante conçue dans les entrailles du génie de notre peuple, loin de toutes les officines ? Assurément, non." Le RCD salue "ce sursaut de dignité" et soutient que "le pouvoir de fait a échoué y compris dans sa tentative de réunir les adeptes du partage de la rente autour de sa démarche". Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, "c'est la première fois que nous avons les chiffres réels d'un scrutin. Le taux de participation est extrêmement faible tout comme ceux qui l'ont précédé sauf que ces derniers étaient trafiqués". Il poursuit plus loin : "C'est une Constitution légale, mais reflète-t-elle un consensus dans la nation ? La réponse est non." Pour Zoubida Assoul, présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), "les résultats obtenus lors de cette consultation sont un verdict sans appel de près de 80% des Algériens qui ont rejeté ce processus. Celui qui a initié et proposé cet amendement de la Constitution, qui n'était ni une priorité de la révolution pacifique, ni de l'opposition, ni de l'Algérie, est aujourd'hui malade, alors, qui le validera ?". "S'il existe encore un sens de la raison, il faudra annuler ce scrutin", plaide-t-elle, arguant que la Constitution "est un pacte social entre le citoyen et l'Etat et si près de 80%, selon le taux avancé, ont boycotté ce processus cela veut dire quelque chose politiquement. C'est un amendement nul et non avenu. On ne peut pas l'imposer au peuple". Réagissant à chaud, Ramdane Taâzibt, du Parti des travailleurs, soutient que le résultat de ce scrutin "est un désaveu populaire du système", a-t-il commenté sur sa page Facebook. Pour Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), le peuple algérien "a magistralement et pacifiquement tourné le dos à cette nouvelle tentative de détourner la volonté populaire en imposant une Constitution antidémocratique et impopulaire". Mais, "malheureusement, le pouvoir à travers cette manœuvre politique a fait perdre un temps précieux pour résorber la crise qui ne cesse de s'aggraver à la lumière de l'opacité absolue qui règne sur l'environnement politique du pays", regrette le responsable du FFS. Il saisit ce moment politique pour réitérer le leitmotiv de son parti, l'élection d'une Assemblée constituante. "Nous resterons, à l'instar du peuple algérien, attachés à la seule et unique voie qui ouvrira à notre cher pays des horizons plus prometteurs. À savoir l'élection d'une Assemblée constituante souveraine et l'amorce d'une alternative démocratique pour construire un Etat fort, démocratique et social", défend-il. Enfin de son côté, le premier responsable du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, estime, pour sa part, que "le peuple algérien a arrêté les marches à cause du coronavirus, mais il n'a pas arrêté de faire de la politique", expliquant que "la désaffection populaire lors de ce scrutin est une nouvelle gifle à l'attention de ce pouvoir". À son avis : "Le peuple, en ce 1er novembre, s'est non seulement prononcé, mais il a également décidé d'installer l'Algérie dans une nouvelle étape qu'est l'Algérie libre et démocratique." De son côté, Hamou Boumedine, coordonnateur du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), "se félicite que le rejet du référendum, unanimement suivi en Kabylie, ait lieu globalement dans des conditions pacifiques et que les différentes voix de la sagesse appelant la jeunesse à ne pas tomber dans les provocations et la violence aient été entendues". Dans son communiqué rendu public hier, l'organisation a considéré que la "décision de fermeture des bureaux de vote par l'administration a répondu à une évidence : en Kabylie, c'est l'option zéro vote qui a prévalu". Nabila Saidoun