Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé hier le lancement d'une opération militaire contre la région du Tigré (Nord), qu'il accuse d'avoir mené une attaque meurtrière contre une base de l'armée fédérale et qui été a placée sous état d'urgence. La tension est montée d'un cran ces derniers jours entre le gouvernement fédéral d'Addis Abeba et le gouvernement régional du Tigré, qui ne reconnaît plus l'autorité de l'Etat fédéral depuis le report des élections nationales qui devaient se tenir en août. Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le parti au pouvoir dans cette région d'Ethiopie, "a attaqué un camp militaire (fédéral) dans le Tigré", a accusé Abiy Ahmed dans un texte posté en pleine nuit sur Facebook et sur Twitter. "Nos forces de défense ont reçu l'ordre (...) d'assumer leur tâche de sauver la Nation. Le dernier stade de la ligne rouge a été franchi", a-t-il ajouté. Réuni à Addis Abeba, le Conseil des ministres du gouvernement fédéral a décrété l'état d'urgence pour six mois dans la région du Tigré. Dans une adresse télévisée tôt hier matin, M. Abiy a précisé que "des forces déloyales" s'étaient retournées contre l'armée à Mekele, la capitale du Tigré, et à Dansha, une ville de l'ouest de la région. L'attaque a fait "de nombreux morts, des blessés et des dégâts matériels", a indiqué le Premier ministre. La minorité tigréenne (environ 6% de la population) a dominé la politique nationale pendant près de 30 ans jusqu'à l'arrivée au pouvoir en 2018 d'Abiy Ahmed, premier dirigeant du pays issu de l'ethnie oromo, la plus importante du pays. Les autorités régionales tigréennes ont rejeté la prolongation du mandat des députés nationaux et régionaux, censé expirer en octobre, décidée à la suite du report, en raison de la pandémie de Covid-19, des élections générales prévues en août. Les Tigréens ont défié le pouvoir central en organisant leurs élections régionales en septembre, et désormais chaque camp considère l'autre comme illégitime.