Tony Blair partira de Downing Street d'ici 2008. La question a dominé la conférence annuelle du Parti travailliste britannique dont c'est la première grande rencontre depuis les élections de mai dernier, qui ont offert au Premier Ministre un troisième mandat historique. Selon la direction du parti, Blair devrait transmettre le relais à son ministre des finances, Gordon Brown, qui a joué un rôle capital dans le maintien au pouvoir des travaillistes. Blair n'est pas pressé de céder le témoin même s'il s'y était engagé devant ses pairs. À la conférence, il a plutôt insisté sur la nécessité de pousser plus en avant les réformes entamées par lui en matière d'éducation, de santé, de retraites, faisant siennes les exigences de son dauphin de dynamiser le Labour, qui a perdu la moitié de ses membres depuis 1997. Fidèle à ses convictions néolibérales, Blair estime que le Labour devrait plutôt chercher à gérer les changements, qui s'opèrent dans le monde, au lieu d'essayer de revenir à sa politique traditionnelle. Pour lui, la politique étrangère de la grande-Bretagne ne saurait être remise en cause ni même changer de cap. Pourtant, il n'arrête pas d'essuyer des tirs sur sa politique en Irak. Samedi dernier, une manifestation contre la présence britannique en Irak a encore réuni à Londres plus de 10 000 protestataires. C'est la première fois où la question de sa succession est clairement ouverte. L'an dernier, avant même le résultat des élections, Blair (52 ans) a fait savoir qu'il ne briguerait pas de quatrième mandat, poussant son ministre des Finances Gordon Brown, 54 ans, auquel il serait lié par un accord secret depuis des années. Brown, perçu plus à gauche que Blair, a affirmé qu'il poursuivrait les réformes engagées s'il devait lui succéder.“Le programme de réformes continuera quand Tony s'en ira”, a-t-il déclaré au Sunday Times. Plusieurs poids lourds du parti ont pour leur part laissé entendre que Brown pourrait être désigné directement, sans sélection interne. Il ne reste pratiquement plus qu'à arrêter la date pour la passation de pouvoirs. Certains experts penchent pour 2006, soulignant que plusieurs décisions comme celles sur les réévalutations d'impôts locaux ont été récemment repoussées, et que l'attente risque d'être paralysante pour le gouvernement. Mais, la plupart table plutôt sur 2008. Cela permettra à Gordon Brown, estime un expert politique de la London School of Economics, de ne pas être usé pour les prochaines élections législatives, en 2009 ou 2010, lui donnant ainsi plus de chances de remporter pour les travaillistes un quatrième mandat successif. D. Bouatta