Quelque 23 millions de Britanniques sont appelés à voter aujourd?hui pour les élections locales dans le cadre d'un scrutin dont le seul suspense est l'ampleur de la défaite annoncée du Parti travailliste de Tony Blair, sur fond de scandales autour de plusieurs ministres. Plus de la moitié des électeurs du Royaume-Uni sont ainsi sollicités, pour renouveler 4 360 sièges d'élus locaux dans 176 collectivités locales, en Angleterre exclusivement. Ce vote est perdu d'avance pour le Labour, selon tous les analystes politiques. Mais l'ampleur de ce revers devrait déterminer l'étendue du remaniement gouvernemental attendu dans les jours qui suivent. Les ministres les plus menacés sont Charles Clarke, à l'Intérieur, mis en cause dans la libération sans expulsion de 1 023 délinquants et criminels étrangers, et John Prescott, le vice-Premier ministre, touché par les révélations sur sa vie extraconjugale mouvementée. Mais en cas de défaite très large, c'est Tony Blair lui-même qui serait visé. La question de la date de son départ serait alors relancée par des rebelles travaillistes de plus en plus remuants. Jusqu'alors, le Premier ministre a toujours affirmé qu'il entendait mener jusqu'au bout son troisième et dernier mandat. Ce qui pourrait lui permettre de rester à Downing-Street jusqu'en 2009 ou 2010. Mais beaucoup veulent, avec un calendrier précis, une passation de pouvoir anticipée avec son dauphin annoncé, Gordon Brown, le ministre de l'Economie. Tony Blair, qui vient de franchir le cap des 9 ans au pouvoir, a mené campagne jusqu'à la dernière minute hier, en se rendant dans le sud de Londres. C'est, en effet, dans la capitale, où il est à la tête de 15 des 32 conseils de quartiers, que le Labour pourrait subir ses plus lourdes pertes.