L'aviation éthiopienne poursuit toujours ses raids contre les positions des dissidents tigréens, parallèlement à de violents combats au sol, où Addis-Abeba utilise l'artillerie lourde. Le conflit opposant le gouvernement éthiopien aux dissidents de la région du Tigré, dans le nord du pays, a pris de l'ampleur, provoquant l'exode de milliers de civils vers le Soudan voisin et suscitant l'inquiétude de l'Union africaine qui a réclamé hier l'arrêt des hostilités, ont rapporté plusieurs sources. "Environ 3 000 réfugiés ont traversé la frontière", a déclaré Alsir Khaled, chef de l'agence soudanaise pour les réfugiés dans la ville frontalière de Kassala. "Les réfugiés continuent d'affluer, la situation change d'heure en heure", a-t-il ajouté. Depuis lundi, "mille Ethiopiens ont traversé la frontière et rejoint la région soudanaise de Hamdait, dans l'Etat de Kassala. Nous procédons actuellement à leur enregistrement", a précisé M. Khaled. Dans "l'Etat de Gedaref, 500 personnes sont arrivées hier (lundi) parmi lesquelles des soldats", a indiqué ce responsable, sans préciser s'ils appartenaient à l'armée d'Addis-Abeba ou s'ils étaient Tigréens. "Plusieurs centaines de demandeurs d'asile ont été recensés hier aux deux postes-frontières de la zone du Tigré", a, pour sa part, indiqué le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch, se disant "inquiet de l'impact du conflit en cours (...) sur la situation humanitaire dans ce pays de l'Afrique de l'Est, où siège l'Union africaine". D'ailleurs, l'organisation continentale est finalement sortie de son silence pour appeler à la fin des violences dans cette région dissidente, alors que le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed (Prix Nobel de la paix en 2019) se montre déterminé à en finir avec cette rébellion. Le chef de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a indiqué lundi dans un communiqué suivre "avec inquiétude l'escalade de la confrontation militaire en Ethiopie" et encourager "les parties à dialoguer pour trouver une solution pacifique dans l'intérêt du pays". Tout en rappelant le "ferme attachement" de l'UA à la souveraineté nationale de l'Ethiopie, le chef de l'exécutif de l'UA "appelle à la cessation immédiate des hostilités et demande aux parties de respecter les droits humains et de s'assurer de la protection des civils". Pour rappel, Abiy Ahmed a ordonné une intervention militaire dans cette région après l'attaque d'une des bases de l'armée éthiopienne par des membres du Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), dans le sillage d'un véritable mouvement de défiance des autorités d'Addis-Abeba, depuis des mois. Le TPLF ne reconnaît plus en fait l'autorité d'Abiy Ahmed et d'Addis-Abeba sur le Tigré. "Les opérations cesseront dès que la junte criminelle sera désarmée, une autorité légitime rétablie dans la région et les fugitifs arrêtés et traduits en justice", avait auparavant fait savoir Abiy Ahmed sur Twitter, en référence aux dirigeants du TPLF.