Pendant que l'offre pétrolière de l'Opep amorce un mouvement haussier depuis le retour de la production libyenne sur le marché, l'Organisation anticipe une nette baisse de la demande mondiale de pétrole pour la fin 2020 et 2021, ce qui pourrait aggraver le déséquilibre du marché et entraîner une nouvelle rechute des cours. Dans son rapport mensuel pour octobre, publié hier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a révisé à la baisse la demande mondiale de pétrole pour l'actuel et le prochain exercice en raison de la dégradation des perspectives économiques consécutive aux mesures de restrictions prises pour endiguer la deuxième vague de Covid-19. L'Opep s'attend ainsi à une chute de la demande mondiale de pétrole de 9,8 millions de barils par jour (mb/j) en 2020 alors qu'elle tablait sur un recul de 9,5 mb/j lors de ses précédentes estimations d'il y a un mois. La demande totale devrait ainsi se situer "légèrement au-dessus de 90 mb/j". Jamais l'Organisation n'a été aussi pessimiste sur la reprise de la demande pétrolière, une condition sine qua non du retour à l'équilibre d'un marché, miné par une offre excédentaire et une économie mondiale en récession. Les conséquences du choc pandémique sur les secteurs consommateurs de pétrole se sont révélées désastreuses. L'Opep fait constater à juste titre que "le carburant pour le transport et l'industrie devrait rester affecté au cours du quatrième trimestre 2020". Pour 2021, la demande a également été revue à la baisse de 0,3 mb/j, l'Opep anticipant désormais à un rebond de 6,2 mb/j, contre 6,5 mb/j dans son précédent rapport publié mi-octobre. La demande globale devrait ainsi atteindre 96,3 mb/j l'an prochain. Du côté de l'offre, les nouvelles ne sont pas non plus bonnes avec, au compteur, un rebond net de l'offre injectée par les membres de l'Opep. En octobre, la production des pays de l'Opep a, en effet, augmenté de 322 000 barils par jour par rapport à septembre, pour s'établir à 24,386 mb/j, selon des sources secondaires (indirectes) citées dans le rapport. Il est précisé que cette hausse est due essentiellement à l'apport de la Libye (+299 000 barils par jour en octobre), exemptée de quotas, et de l'Irak (+148 000 b/j). Pour parer à une aggravation du déséquilibre entre l'offre et la demande, l'Opep+ pourrait "ajuster" l'accord sur la réduction de la production de pétrole.