Résumé : Mon grand père quitte ce monde pour un autre bien meilleur. J'avais du mal à admettre le décès de mon aïeul. Ma tristesse ne trouvera son salut que dans le fait que j'attendais un enfant. J'accouchais en hiver d'un adorable petit garçon. Hacène était fou de joie. Il ne tenait plus en place et montrait le petit bout de chou à tous ceux qui venaient nous rendre visite. Si bien que mon bébé devint célèbre dans tout notre quartier. Qui n'avait pas entendu parler de notre fils ? Même mes oncles et cousins du bled vinrent tour à tour voir ce bébé dont on ne cessait de faire des louanges. Mes parents étaient fiers de moi. Ils devenaient grands-parents, cela les vieillissait et les comblait de bonheur en même temps. Mes beaux-parents, en particulier ma belle-mère, avaient versé des larmes à la vue de leur premier petit-fils. Eux qui n'avaient que Hacène estimaient que leur descendance est désormais assurée par la venue de cet ange aux joues rebondies et aux yeux de biche. C'était la fête à la maison et dans les cœurs. Hacène tint à célébrer dignement l'évènement et organisa une grande cérémonie. La famille, le voisinage, les amis, les proches, et même les éloignés tinrent à y assister. Tout le monde nous félicita, et je reçus une montagne de cadeaux et de présents aussi bien de ma famille que de celle de mon mari. Nous prénommâmes mon fils Ratibe. Un prénom que ma belle-mère avait rêvé de donner à un deuxième fils, mais qu'elle aura le bonheur d'attribuer à son petit-fils. Hacène me demanda si le fait que c'était sa mère qui avait choisi ce prénom ne m'avait pas offusquée. Je répondis qu'au contraire sa joie était contagieuse. La pauvre femme était tellement heureuse de pouvoir tenir le bébé dans ses bras que j'en eus les larmes aux yeux. Quelques mois passèrent. Le bébé grandissait et je reprenais mes taches habituelles. Hacène s‘absentait souvent pour des missions en dehors de la ville, mais cela ne me gênait pas du tout, d'autant plus que le bébé occupait tout mon temps libre. Mon cabinet continuait à accueillir des patients de toutes parts. Des maris conservateurs préférant un médecin femme pour ausculter leurs femmes, des parents intransigeants qui jugeaient indécent que leurs filles se fassent ausculter par un homme, et même des femmes d'un certain niveau qui préféraient confier leur corps à une femme comme elles. Bref. Moi je suis médecin, et l'anatomie d'un corps humain étant la même, je ne voyais ni l'homme ni la femme, mais le mal qui les rongeait et auquel je tentais de remédier. Mais parfois cela devenait infernal. Un jour, un homme vint me voir pour me confier que sa femme était enceinte et presque à terme. Mais qu'étant donné que la clinique la plus proche de son domicile n'employait que des médecins hommes, il aimerait que je prenne l'initiative d'assister à l'accouchement ou de l'accoucher moi-même. Je répondis que je n'avais aucun droit de violer un territoire qui n'était pas le mien et que les médecins spécialisés de ladite clinique sont beaucoup mieux placés que moi pour aider sa femme. L'homme était déçu. Deux jours plus tard, il revint à la charge, mais cette fois-ci il avait ramené son épouse. Faisant contre mauvaise fortune, je la reçus et consentis à l'ausculter. Effacée, ignorante et soumise, elle ne répondait que par monosyllabes à mes questions. Elle avait une peur bleue de son mari et craignait ses colères. C'était son premier enfant, et j'eus vite fait de constater que le bébé se présentait par le siège. Une césarienne sera nécessaire. Comme elle avait déjà dépassé le huitième mois, je jugeais opportun de rédiger une lettre de recommandation et d'orienter cette malheureuse vers un obstétricien. (À SUIVRE) Y. H.
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