Cet ouvrage qui vient de paraître aux éditions Rafar, tous ses bénéfices seront reversés au financement des projets pour les non-voyants. Le mouvement associatif algérien retient dans ses archives le nom de Yamina Khodri, militante associative volontaire et déterminée, bénévole et altruiste, ayant eu toujours le cœur sur la main, attentive à la détresse d'autrui et voulant coûte que coûte aider les autres à s'en sortir en trouvant des solutions à leurs problèmes. Une femme qui a été à l'origine de la création d'une des premières associations nationales agréées en Algérie : Association nationale loisirs et culture (ANLC), un agrément qui est venu au forceps et obtenu après un combat acharné. Tout comme les autres luttes et batailles qu'elle a menées tout au long de sa vie – et qu'elle continue de mener encore aujourd'hui – relatées dans cet ouvrage paru aux éditions Rafar. Car ici, il s'agit de Yamina Khodri, l'auteure de Honte à ceux qui séparent les épines des roses, un ouvrage qui raconte ce parcours de militante avec force détails et preuves à l'appui, avec photos, lettres administratives et articles de presse qui confirment une vie riche et mouvementée passée au service de l'autre. Ce livre de 184 pages est un pamphlet, un réquisitoire, un rappel... mais c'est un texte brut, intransigeant et sincère qui dit aussi bien toute la beauté d'un combat humanitaire que toute l'amertume d'une société truffée de faux serviteurs et de complots à outrance et en haut lieu. Ce sont quelque part des mémoires de Yamina Khodri, mais qui ne la racontent pas, elle en tant que femme qui veut parler de sa vie, mais qui se veulent un témoignage de cette lutte qu'ont menée avec elle beaucoup de personnes, parents d'élèves, artistes, journalistes, hommes politiques, étudiants de l'Ecole des beaux-arts... qui avaient eux aussi à cœur de défendre des principes et des droits que voulaient bafouer un clan adverse qu'elle ne se prive pas de désigner nommément en déclarant dans le prologue : "J'ai cité les noms réels des personnes et je l'assume. Pour certaines d'entre elles, elles ne se sont probablement pas rendu compte du mal qu'elles ont engendré par leurs actes et attitudes, fruit d'un engrenage bureaucratique cancérigène, tel un tourbillon qui emporte tout sur son passage, attitude communément appelée le système. Eux, on les appelle des "mini khobzistes" (mangeurs de miettes), soldats de plomb de leurs chefs hiérarchiques, qui eux sont les vrais commanditaires les "khobzistes" ou rafleurs de pain." Cet écrit se veut un cri contre l'injustice qui est dénoncé tout au long du parcours militant relaté, mais aussi un "devoir de mémoire envers mes enfants non-voyants de l'école des jeunes aveugles d'Hydra, adultes maintenant dont je suis fière", dira l'auteure Yamina Khodri à ses lecteurs auxquels elle relate avec minutie les péripéties vécues, les embûches semées sur leur parcours pour détourner ce projet d'école pour aveugles par des desseins machiavéliques. Une manière de dire que la corruption a de tout temps existé, d'affirmer que la conscience citoyenne a toujours été là pour dire "Non, basta !" et que la construction d'un Etat de droit est un long chemin... À rappeler que tous les bénéfices du livre seront reversés au financement des projets pour les non-voyants. Samira Bendris-Oulebsir