Amina Hammadi a exposé aux quatre coins de l'Algérie et a obtenu le 3e prix Aïcha-Haddad en 2012. Installée en France, elle reste fidèle à ses racines et tend vers l'universalité en explorant davantage l'art abstrait. Née en 1972 à Mostaganem, passionnée dès son jeune âge par le dessin et la peinture, c'est tout naturellement qu'Amina Hammadi s'inscrira à l'Ecole régionale des beaux-arts de sa ville, d'où elle sortira avec un diplôme en peinture et miniature. Elle y enseigne justement la miniature en tant que vacataire pendant une dizaine d'années, avant de rejoindre le département des arts plastiques de l'université de Mostaganem en tant qu'enseignante vacataire de déco-volume. Les temps sont durs à cause des histoires de postes budgétaires, les emplois vacataires sont précaires et, comme il faut bien vivre, Amina Hammadi va concilier sa passion, la peinture, et une activité professionnelle en tant qu'animatrice culturelle à la direction de la culture de Mostaganem. Elle devient également membre du staff chargé de l'organisation de grands événements culturels, tels que le Festival du film arabe d'Oran et le Festival international de danse folklorique de Sidi Bel-Abbès. Mais le rapport à la peinture reste puissant, et le style toujours limpide. "Tout se résume à une expression anecdotique qui me permet de créer une variété de couleurs, de contrastes et de mouvements qui révèlent une symbolique particulière dans ma création artistique", affirme l'artiste. Et d'ajouter : "Je cherche le mot le plus approprié dans un état d'esprit qui exprime un univers particulier animé par le rêve d'un jour meilleur, de liberté et de paix intérieure." Au gré de l'inspiration, les toiles brillent dans l'univers de l'artiste, elles évoquent d'abord les traditions de Mostaganem, sa ville qu'elle représente lors d'évènements culturels à travers le pays. Puis, l'art gagnant en maturité et en densité, Amina Hammadi va structurer ses peintures autour de thèmes aussi expressifs les uns que les autres. "Le silence des Arabesques est une sorte de délivrance incertaine avec une expression floue et vague qui essaye de sortir la femme de ses craintes". Les visages de femmes aux yeux fermés ou ouverts sont "le reflet de l'âme, ils expriment la vérité et les émotions pures et intenses". L'artiste le perçoit par "un dialogue entre elle et son être intérieur" où elle sent "un mélange affectif, une tendresse héritée et un amour nourri, espéré, attendu, clamé, pas avec des mots, mais par ce qui se dégage des formes, couleurs, compositions, textures et recherche de matières et d'expressions", a-t-elle expliqué. La Romance est un autre thème qui traverse l'œuvre d'Amina Hammadi : "Toutes mes émotions, ma colère, ma tendresse, se reflètent sur mes thèmes à travers cet espace que m'offre ma toile." Avec une prédominance de bleu, de rouge et de vert, Romance célèbre l'émotion, le sang et la terre, la beauté des paysages d'Algérie, l'azur du ciel qui se confond avec celui de la mer et que l'artiste, enfant, admirait chaque matin de sa fenêtre à Mostaganem. La terre lui inspire les Sentinelles, un thème qui évoque "le Hirak, cette révolution pacifique qui a lieu dans mon beau pays l'Algérie, une sorte de délivrance, de liberté et de dignité tant espérées et clamées". Des toiles de l'artiste "surgissent des silhouettes, présences invisibles qui expriment ce besoin de quelque chose, de rêves, de doutes, un mélange affectif, de simple paix humaine, de partage, de droit à l'égalité et à la fraternité". Vivant en France depuis quatre ans, Amina Hammadi tente de concilier peinture et activité professionnelle. Le travail créatif se poursuit malgré la fermeture des espaces culturels imposée par la crise sanitaire. Si la critique d'art a tendance à la classer parmi les expressionnistes, Amina Hammadi se considère comme une artiste libre qui peint au gré de ses inspirations. Tout en restant fidèle à ses racines, elle tend vers l'universalité en explorant davantage l'art abstrait. Armée d'une remarquable détermination, l'artiste peintre, qui a exposé aux quatre coins de l'Algérie (Mostaganem, Sétif, Oran, Alger, Constantine...) et qui a obtenu le 3e prix Aïcha-Haddad en 2012 à Alger, poursuit tranquillement son chemin qui, une fois la parenthèse de la Covid-19 fermée, lui ouvrira certainement bien des galeries en France, en Europe et ailleurs dans le monde. Ali Bedrici