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Mohamed Chafa Ouzzani : «Il faut enseigner l'histoire de l'art dès le jeune âge, à l'école»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

Mohamed Chafa Ouzzani est architecte, mais également artiste peintre passionné. Nous l'avons rencontré la veille de son départ en France, où il est invité à la 6e édition de l'Exposition Internationale des Artistes du Monde qui se déroulera à Cannes du 22 au 25 septembre sous le parrainage fidèle de Marina Picasso.
Une première pour un artiste algérien. Il revient dans cet entretien qu'il a accordé au Temps d'Algérie sur la peinture en Algérie et sur ce qui le motive en tant qu'artiste-peintre.
Le Temps d'Algérie : Mohamed Chafa Ouzzani, vous êtes connu pour être un peintre qui a excellé depuis ses débuts dans le semi-figuratif. or ces dernières années, nous constatons que vous avez glissé de manière assez remarquable vers l'abstrait. Pouvez-nous nous dire comment s'est effectuée cette évolution ?
M.C.Ouzzani : Il est vrai que le style semi-figuratif a caractérisé mes peintures de jeunesse, notamment la décennie 1990-2000, période durant laquelle j'ai été assez prolifique en œuvres, mais bien peu en expositions. Je travaillais par envie et par passion, inspiré par la complexité de la nature humaine, ses contradictions et la diversité de ses pulsions. Inspiré aussi par la tragique décennie que nous avons traversée dans la tourmente et l'inquiétude de lendemains incertains. J'ai sans doute été également influencé par des peintres dont les œuvres m'ont beaucoup marqué. On ne reste pas insensible devant une toile d'Issiakhem par exemple, dont la force d'expression n'a d'égale que sa maîtrise technique des couleurs, des nuances et des textures. Mon passage vers le style abstrait m'a ramené vers plus de sérénité dans ma vision des choses. La peinture semi-figurative recèle déjà en elle une bonne part d'abstraction. Avec le temps, cet aspect a pris le dessus. La composition et les couleurs deviennent les principaux vecteurs d'une expression qui se veut émotionnelle. Comprendre l'influence des couleurs sur l'esprit est en soi une révélation. C'est donc après un recul assez long quand même, pendant lequel je me suis occupé de mon bureau d'architecture, que je me suis retrouvé dans l'abstrait. Pendant cette période, j'ai passé beaucoup de temps à lire, à essayer de comprendre les théories de l'art abstrait et de l'art contemporain en général. J'ai découvert Khadda qui est pour moi une référence. Khadda avait un extraordinaire sens de la composition. Tout ce temps que j'ai passé à ne pas peindre, j'ai senti monter en moi une certaine maturité pour cette tendance contemporaine de la peinture qu'est l'abstrait.
Est-ce qu'il y a une école de l'abstrait en Algérie ?
Khadda en est sans doute le précurseur, c'est le pionnier qui est venu à contre-courant des fortes idéologies de l'époque. Son idée était révolutionnaire en ce sens qu'il a réussi à faire sortir la peinture algérienne de son enfermement idéologique pour l'ouvrir sur l'universalité. Ce n'était pas facile de le faire, mais lui a réussi d'abord par son génie, mais surtout par son assiduité et sa persévérance.
Que vous a apporté cette influence ?
J'ai compris que l'art abstrait pouvait transmettre des émotions insoupçonnées sans qu'aucun thème particulier n'y soit associé. La peinture, c'est comme la musique. De même qu'on peut apprécier une symphonie sans l'expliquer, on peut aussi rester admiratif devant une toile sans qu'aucun thème ne s'y laisse deviner. Il y a un parallèle très fort entre la musique et la peinture, c'est pour cette raison qu'on parle de musicalité dans la peinture. Vassili Kandinsky, qui est un très grand théoricien de l'art, a été le premier à établir ce parallèle
On constate beaucoup de formes et de couleurs dans vos toiles…
Les couleurs et les formes sont l'essence même de la composition. Les formes doivent être libres, significatives et agréablement proportionnées. Les couleurs sont toutes belles, l'essentiel étant de savoir les marier pour en tirer le meilleur contraste et la meilleure complémentarité. La peinture abstraite n'est pas comme se l'imaginent certains profanes, des couleurs à profusion jetées en vrac sur la toile.
Vous allez exposer très bientôt à l'étranger à l'invitation d'une prestigieuse galerie. Que ressentez-vous, vous qui vous plaignez de l'absence de galeries en Algérie ?
Les galeries en Algérie se trouvent, pour la plupart d'entre elles à Alger. Les salles où l'on expose parfois en dehors de la capitale comme les ‘'maisons de la culture'' ou les espaces qu'on nous réserve dans les théâtres ne conviennent pas et ne répondent pas aux exigences d'une exposition. Une toile a besoin d'être mise en valeur, a besoin d'un éclairage spécifique…Malheureusement, ce n'est pas le cas. Un pays aussi vaste que le nôtre ne peut pas se suffire d'une seule ville où l'artiste peut exposer. Ceci est un véritable handicap. Exposer à l'étranger est le souhait de tout peintre parce qu'on se frotte à d'autres artistes, d'autres visions et d'autres cultures. En Algérie, on ne peut pas parler d'exposition parce que le public est le grand absent dans les galeries. C'est juste si l'on arrive à susciter de l'intérêt auprès de certains initiés. Parfois on attend des heures pour voir un visiteur lors d'une exposition. A l'étranger, c'est tout à fait le contraire ; il y a un public connaisseur, admiratif de l'art. C'est pour ces raisons que cette invitation constitue pour moi une opportunité pour faire connaître ma peinture, en tant qu'artiste algérien.
-A quoi est dû selon vous ce désintérêt pour la peinture en Algérie ?
Nous n'avons pas cette culture comme on le voit dans les pays occidentaux où les passionnés font la queue pendant des heures pour accéder à un musée et admirer des toiles de maître. Il faut enseigner l'histoire de l'art dès le bas âge à l'école. Une culture esthétique est nécessaire dès l'enfance pour cultiver la passion de l'art en général et inculquer une culture de la peinture en particulier. L'absence de politique culturelle a fait que la peinture algérienne reste le parent pauvre de l'art dans le pays. Combien d'écoles des beaux-arts avons-nous ? Très peu. Croyez-vous que c'est avec un nombre aussi réduit d'écoles qu'on va redynamiser les arts plastiques ? Cette situation est très mal vécue par les artistes peintres, parce que ce désintérêt se répercute sur le marché de l'art aussi. Un artiste aimerait aussi vendre, vous savez, mais encore faut-il qu'il y ait un marché de l'art. Pour l'anecdote, l'association qui m'a invité a mis à ma disposition un stand pour exposer une douzaine d'œuvres. J'appréhende ma présence là-bas parce que je ne saurais quoi répondre aux éventuels visiteurs qui seraient intéressés par l'acquisition d'une ou plusieurs de mes toiles.
Pour que notre art puisse s'exporter, il y a lieu d'offrir à l'artiste algérien la possibilité de vendre ses œuvres. Figurez-vous que j'ai eu tout le mal du monde pour connaître les procédures légales en vigueur afin d'exporter temporairement mes œuvres pour les besoins de cette exposition. Vendre une toile valorise son auteur. Pourquoi, au lieu de garnir les sièges des institutions et administrations publiques de photos bon marché piquées sur le net, les responsables n'achètent-ils pas les œuvres originales des artistes algériens ? Un chef d'état d'un pays voisin lors d'une visite d'une exposition de peinture a acheté toute la collection exposée par son auteur ce jour-là. Voilà un exemple à méditer par nos responsables.


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