Les délégués libyens à Tunis ont refusé, entre autres, l'exclusion des personnalités libyennes qui ont assuré des postes de responsabilité depuis 2014 du futur gouvernement unifié. Les délégués libyens chargés de mettre sur pied un exécutif unifié ne sont pas parvenus à un accord sur les noms de leurs futurs dirigeants, et reprendront les discussions dans une semaine, signe de la difficulté à sortir le pays d'une décennie de conflits. Les discussions se sont poursuivies jusqu'à la dernière minute dimanche entre les 75 délégués de tous bords rassemblés depuis une semaine à l'invitation de l'ONU dans la banlieue de Tunis, en l'absence des principaux protagonistes. "Nous avons convenu de nous retrouver dans une semaine pour une rencontre virtuelle afin qu'ils (les délégués, ndlr) se mettent d'accord sur le mécanisme de sélection pour la future autorité", a indiqué à la presse l'émissaire par intérim de l'ONU pour la Libye, Stephanie Williams. Un accord a été trouvé sur des élections "nationales" le 24 décembre 2021, avait annoncé l'ONU, vendredi, sans préciser s'il s'agissait d'élections présidentielle ou parlementaires ou les deux. Les délégués étaient également chargés de désigner un chef de gouvernement et les trois membres d'un conseil présidentiel formant un exécutif unifié chargé de prendre le relais des institutions rivales. Deux autorités se disputent aujourd'hui le pouvoir : le Gouvernement d'union nationale (GNA), qui siège dans l'Ouest à Tripoli et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, soutenu par une partie du Parlement élu et son président, Aguila Saleh. "Nous avons atteint un consensus sur trois documents importants : la feuille de route (vers des élections, ndlr), les prérogatives des autorités exécutives et les critères d'éligibilité" pour pouvoir y siéger, a estimé Mme Williams. "Dix ans de conflit ne se résolvent pas en une semaine", a-t-elle fait valoir, tout en se disant "très satisfaite" des conclusions. La Libye est plongée dans les violences depuis le soulèvement appuyé par l'Otan qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec une myriade de milices se disputant des territoires sur lesquels les autorités civiles peinent à s'imposer. L'ONU n'a pas précisé dans l'immédiat quelles seraient les prérogatives du président du Conseil présidentiel, à qui il a notamment été question de confier le poste de chef des armées. Ce futur exécutif unifié, censé ne gouverner qu'un an, sera chargé d'organiser les élections et de répondre aux besoins des Libyens, exaspérés par la corruption et des services défaillants, alors que le pays détient les plus importantes réserves de pétrole d'Afrique. Ces discussions se déroulent à la faveur d'un cessez-le-feu formalisé en octobre, après l'échec de l'offensive lancée en avril 2019 par les forces pro-Haftar contre Tripoli. Des avancées ont depuis été enregistrées sur le plan économique, militaire et politique, après plusieurs séries de pourparlers, et Mme Williams s'était dit "optimiste" à l'ouverture des négociations. Mais rien n'est encore gagné pour le moment. R. I./Agences