Me Khaled Bourayou, avocat du général Mohamed Mediène, dit Toufik, observe « avec optimisme la perspective du renvoi » devant la Cour d'appel militaire de Blida de l'affaire dans laquelle est poursuivi son client pour notamment «complot contre une formation militaire». La Cour suprême a décidé, en effet, ce mercredi, d'annuler les premiers jugements rendus par le tribunal militaire de Blida, dans l'affaire des deux ex-patrons du renseignement, Mohamed Mediène, dit Toufik, et Bachir Tartag, la SG du PT Louisa Hanoune, et l'ex conseiller à la présidence de la république, Saïd Bouteflika, et de reprogrammer le procès toujours à la Cour militaire de Blida, avec cependant une nouvelle composante d'officiers magistrats. «Je pense que le pourvoi est mérité. J'espère que le renvoi se fera dans des conditions meilleures qui peuvent permettre à la défense de travailler tranquillement et dans une ambiance objective», a indiqué Me Bourayou dans une déclaration à Liberté Web. En espérant que «l'issue du procès sera autre que celle qui a été cassée par la Cour suprême», l'avocat du général Toufik a rappelé que «la pression qui a entouré ce procès n'a pas permis une appréciation objective». Surtout, ajoute-t-il, que « les faits ne tiennent pas la route». «Ce procès a plus tenu compte de la pression qu'il y avait au moment de son déroulement. Je suis persuadé qu'aujourd'hui l'atmosphère s'est améliorée », estime Me Bourayou, qui voit ainsi en la décision de la Cour suprême « la meilleure preuve qu'elle n'a pas reçu de pressions », et croit pouvoir espérer que « ce procès sortira avec la vérité qu'il n'y a pas eu de complot contre l'Etat ». De son côté, Me Farouk Ksentini a considéré, dans une autre déclaration à Liberté Web, que la décision de la Cour suprême « va dans le sens du droit et de l'application de la loi », et se dit «optimiste», comme «le contenu du dossier se prête à l'optimisme ». Il s'explique : « Nous avons d'abord plaidé en première instance et en appel l'incompétence matérielle de la juridiction militaire, compte tenu de la qualité des prévenus qui n'ont rien de militaire et de l'endroit de la rencontre qui relève de la Présidence de la république, et qui n'a donc lui aussi rien de militaire ». Il précise ensuite que « les faits imputés au général Toufik n'étaient pas réunis dans leurs éléments constitutifs, à savoir complot contre une formation militaire ». « Est-ce que l'on peut concevoir que l'ancien vice-ministre de la défense et chef d'état-major de l'armée puisse être assimilé à une formation militaire ? C'est grotesque ! Une formation militaire peut être assimilée à une caserne ou à un bataillon », argumente-t-il. Il ajoute, à propos, qu' « émettre des avis lors d'une réunion sur une situation politique donnée, ce n'est pas comploter contre l'Etat », que «tout le monde a le droit d'avoir une opinion, de souhaiter ou de suggérer le nom d'un potentiel candidat à la Présidence», et que «ce n'est pas un crime si chacun des participants à la rencontre a donné un nom. Il n'y a rien de plus naturel ». Et de conclure : « En tout cas, cela n'a rien de répréhensible, ni sur le plan pénal ni sur le plan moral». Pour rappel, les quatre accusés de «complot contre l'autorité de l'armée» avaient écopés de 15 ans de prison ferme en septembre 2019. Lors du procès en appel, en février 2020, la même peine a été reconduite pour les deux anciens chefs du renseignement et pour le frère cadet de l'ex président déchu, alors que la secrétaire générale du parti des travailleurs avait vu sa peine réduite à 3 ans de prison dont 9 mois ferme. Elle avait quitté la prison de Blida le jour même, soir le 10 février 2020. Mehdi Mehenni